Appartements, repas gratuits : les fabricants d’armes européens redoublent d’efforts pour attirer les travailleurs

Appartements, repas gratuits : les fabricants d’armes européens redoublent d’efforts pour attirer les travailleurs
Photo d’illustration – Getty Images

Comme le veut le dicton, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi, alors que l’Ukraine se voit envahir par la Russie depuis plus d’un an, les fabricants d’armes européens voient leurs usines tourner à plein régime. Et pour répondre à la forte demande, il leur faut même se montrer créatifs pour attirer de la main-d’œuvre.

L’actualité : en Pologne et en République tchèque, les fabricants d’armes multiplient les incitations pour attirer les travailleurs, alors que le marché du travail y est parmi les plus tendus d’Europe.

  • Les deux pays affichent en effet les taux de chômage les plus faibles de l’Union européenne (2,7 % en juin), en dessous de la moyenne de l’UE (5,9 %).
  • Une situation qui a fait grimper les coûts de main-d’œuvre et freiné la croissance.

Contexte : l’industrie de l’armement d’Europe centrale fait face à une explosion de la demande d’armes, d’obus et autres fournitures militaires, en raison de la guerre en Ukraine et du souhait de ces pays d’augmenter leur défense. Le rythme de production du secteur n’avait plus été si rapide depuis la chute du mur de Berlin.  

Le détail : le producteur tchèque de munitions d’artillerie STV Group a prévu de financer la construction d’appartements dans une ville voisine de sa plus grande usine, située à Policka, à 200 km au sud-est de Prague, afin d’y loger les nouvelles recrues, rapporte Reuters.

  • En parallèle, l’entreprise a également commencé à offrir des repas à la cantine aux retraités, afin que ces derniers partagent avec les nouveaux venus leur expérience sur les lignes de production de munitions datant de l’ère soviétique qui ont été récemment redémarrées, a expliqué le patron de STV Group, David Hac.
    • « Cet échange informel d’idées a des effets excellents et immédiats sur l’efficacité des processus de production, en particulier lorsque vous redémarrez la production de produits qui ont été hors production pendant une longue période », a-t-il déclaré.

À noter : Sur les 29 États qui ont fourni des armes majeures à l’Ukraine en 2022, la Pologne et la République tchèque représentaient 20 % du total des importations d’armes vers l’Ukraine, selon les chiffres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Conserver le marché

En raison du marché de l’emploi tendu dans les deux pays, les fabricants d’armes tchèques et polonais craignent que le manque de travailleurs puisse pousser la production d’armement en dehors d’Europe centrale.

  • Avec une main-d’œuvre suffisante, ainsi que les quantités nécessaires de matériaux, les fabricants tchèques pourraient augmenter leur production jusqu’à 20 %, a assuré Jiri Hynek, président et directeur exécutif de l’Association de l’industrie de la défense et de la sécurité (DSIA) de la République tchèque, à l’agence Reuters.
  • Face à une demande toujours plus croissante en raison du contexte géopolitique actuel, le besoin de jeunes travailleurs dotés de compétences techniques se fait de plus en plus pressant et cela ne devait faire que s’intensifier, a-t-il ajouté, soulignant le fait que l’industrie de l’armement était intrinsèquement liée à l’innovation pour continuer à croitre.
  • « Nous avons une population vieillissante, des chercheurs vieillissants, des développeurs, des innovateurs et [des départements] des sciences techniques et naturelles produisant un manque absolu de personnes à utiliser », a déclaré Hynek. « Nous avons besoin de croissance, mais nous n’avons nulle part où prendre des travailleurs. »
    • Pour contrer ce manque, le fabricant tchèque d’explosif Explosia prévoit d’étendre sa coopération avec les universités locales et d’accélérer l’automatisation de ses usines.
    • L’entreprise polonaise de technologique militaire WB Group s’est quant à elle tournée vers les femmes pour combler le manque de main-d’œuvre masculine – ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose –, alors qu’elle était jusqu’alors composée majoritairement d’hommes.
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