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La Russie défie les sanctions occidentales et vend son pétrole au-dessus du plafond

La Russie défie les sanctions occidentales et vend son pétrole au-dessus du plafond
Vladimir Poutine et un pétrolier – Chris J. Ratcliffe/Contributor via Getty Images

Depuis plusieurs jours maintenant, le prix du pétrole russe de l’Oural dépasse le plafond des 60 dollars. C’est la limite fixée par les sanctions occidentales. Mais la Russie contourne cette sanction en agrandissant chaque jour son réseau, indépendamment de l’Occident.

Dans l’actualité : la décote du pétrole de l’Oural par rapport au Brent diminue.

  • Le baril de pétrole de l’Oural se négocie actuellement à 65 dollars. C’est au-dessus du fameux plafond fixé par les sanctions occidentales.
  • La différence avec le baril de Brent est tombé en dessous des 20 dollars, un signe qui montre que la pression financière sur Moscou s’atténue. L’écart a diminué de moitié depuis le début de l’année.
  • La question que tout le monde se pose : que va-t-il advenir de ce pétrole qui dépasse le plafond occidental ? Commençons d’abord par un petit rappel des faits :
    • L’UE et les pays du G7 ont mis en place un plafond pour exercer une pression économique sur la source de revenus la plus importante du Kremlin : son pétrole.
    • Ce plafond a deux objectifs : diminuer le trésor de guerre de Poutine sans casser le marché du pétrole mondial, pour éviter de causer une inflation supplémentaire.
    • Ce pétrole n’est pas à destination de l’Occident où il est sous embargo, mais au reste du monde.
    • Mais alors, comment l’Occident peut-il espérer que l’on respecte son plafond ? En fait, avant la crise ukrainienne, la quasi-majorité du pétrole russe transitait via des navires occidentaux ou via des navires assurés en Europe. Si la Russie voulait liquider son pétrole, elle devait donc respecter le plafond.
    • Résultat : les recettes d’exportation de pétrole de la Russie ont chuté de moitié par rapport à il y a 1 an, selon l’Agence internationale de l’énergie. Les prélèvements fiscaux ont baissé d’autant et cela nuit fortement au budget russe.
    • Bref, les sanctions fonctionnent.

Changement de paradigme

L’essentiel : la revanche de Moscou

  • Il est connu depuis longtemps que la Russie a trouvé d’autres clients, principalement en Inde et en Chine. Le problème est que son pétrole était bradé. Le prix du pétrole de l’Oural ne parvenait plus à décoller.
  • C’est en train de changer : les réductions de production de l’OPEP+, auxquelles Moscou a souscrit, ont contribué à faire passer les prix du brut russe au-dessus du plafond. La demande asiatique commence aussi à se renforcer, où le pétrole russe a écarté le pétrole saoudien.
  • « L’autre grande raison de cette hausse des prix est la capacité grandissante de la Russie à se passer de la flotte occidentale. La hausse des prix suggère que la pression de la Russie pour assembler un réseau alternatif de pétroliers auxquels les sanctions ne s’appliquent pas érode l’influence occidentale sur ses exportations de prix », a déclaré au Wall Street Journal Sergey Vakulenko, analyste au Carnegie Russia Eurasia Center et ancien dirigeant pétrolier en Russie.
  • « C’était un processus évolutif, et maintenant, nous en voyons les résultats », a déclaré Vakulenko. « Les compagnies pétrolières russes ont déployé beaucoup d’efforts pour rester aux affaires et gagner de l’argent. Elles ont prouvé qu’ils étaient des opérateurs compétents. »
  • Si bien que les producteurs russes sont de plus en plus à même de se passer de la flotte de navires occidentaux pour vendre leur pétrole au-dessus du plafond : c’est un changement de paradigme.
  • En marge de cette nouvelle capacité de la Russie, la flotte fantôme ne cesse de grandir. C’est le nom donné aux pétroliers qui transportent du pétrole des pays sanctionnés. Au deuxième trimestre, cinq fois plus de pétroliers ont travaillé avec des producteurs sanctionnés par rapport à la fin de 2021, selon la société de suivi des navires Vortexa. Près de 80 % de ces navires ont navigué sur le marché russe.

Une victoire à la Pyrrhus

Mais : la revanche est un plat qui se mange froid.

  • La Russie ne se passera pas du jour au lendemain de la flotte de pétroliers occidentaux ou assurés en occident. Il faut dire que le pays doit liquider quelque 7 millions de barils par jour, ça fait beaucoup.
  • La hausse du pétrole de l’Oural reste pour le moment une victoire à la Pyrrhus pour Moscou : la Russie a encore un long chemin à parcourir avant d’écouler son pétrole en toute indépendance et elle perd tous les jours de précieux revenus.
  • En outre, la Banque centrale russe aurait déjà dû débourser pas moins de 9 milliards de dollars pour la création de ce système d’exportation alternatif.
  • « Si vous regardez toutes les routes que la Russie doit emprunter et comptez le nombre de pétroliers dont elle a besoin pour une flotte autonome, la Russie est très loin de là où elle doit être », conclut Craig Kennedy, de l’Université de Harvard, dans le quotidien américain.
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