« Nous avons encore besoin d’un peu de temps » : Zelensky préfère retarder la contre-offensive ukrainienne pour éviter un bain de sang

Alors que la tension monte sur la ligne de front chaque jour qui passe en attente de la grande contre-offensive ukrainienne, le président ukrainien temporise dans une intervention enregistrée depuis Kiev et transmise aux différents grands médias européens. Elle aura lieu, mais pas tout de suite. Aveu ou intox ? Tout reste possible.

Pourquoi est-ce important ?

L'Ukraine a amassé troupes fraîches et matériel neuf depuis des mois en vue d'une offensive de printemps. Les indices s'accumulent qu'elle est prête à être lancée, tandis que les Russes préparent leurs défenses. Mais à part à Bakhmout devenue une nouvelle Stalingrad, les deux camps semblent attendre. Les Ukrainiens ont l'initiative, mais ne semblent pas se presser d'abattre leurs cartes.

Pas droit à l’échec

Dans l’actualité : Zelensky temporise : son armée doit mettre toutes les chances de son côté.

  • Le président ukrainien a rappelé depuis son QG de Kiev que, malgré l’aide reçue, son pays risque gros face à une armée russe qui reste très dangereuse.

« Avec ce que nous avons, nous pouvons aller de l’avant et réussir. Mais nous perdrions beaucoup de gens. Je pense que c’est inacceptable. Nous devons donc attendre. Nous avons encore besoin d’un peu de temps. »

Volodymyr Zelensky
  • Le président ukrainien a confirmé le déploiement de nouvelles brigades, équipées de matériel neuf et d’engins livrés par les pays occidentaux. Mais les blindés arrivent « par lots » a nuancé le président, d’autres livraisons sont encore attendues, et l’armée ukrainienne préfère les attendre.
  • Les attentes pèsent lourd sur cette contre-offensive à venir, et depuis quelques jours, les officiels ukrainiens nuancent : il ne s’agira pas d’une « solution miracle » qui mettra fin à la guerre, a confié une source anonyme à la BBC.
  • L’autre enjeu est informationnel : les Ukrainiens savent que leur survie dépend de l’aide militaire occidentale. Or, ils craignent que celle-ci se tarisse s’ils ne remportent pas un succès éclatant et décisif. Une guerre de position qui s’éternise ne peut que profiter, à terme, à la Russie.
  • N’oublions pas non plus que cette guerre est aussi informationnelle : les Russes sont à cran autour de leur capitale, où ils craignent de nouvelles mystérieuses attaques de drones. Zelensky voudrait-il les inciter à baisser leur garde sur le front ? Ce n’est pas à exclure.

User l’ennemi en frappant derrière lui

Pourtant ce n’est pas pour autant que l’armée ukrainienne reste inactive, au contraire. Outre que les combats font toujours rage d’en Bakhmout en ruine – une brigade russe aurait été gravement étrillée hier, provoquant un retrait de 2 km – les actions sur la profondeur continuent.

  • Comme lors de l’été dernier, les Ukrainiens ciblent la logistique et les dépôts des Russes pour isoler leurs positions défensives et les rendre progressivement intenables.
  • C’est un travail de sape long et pas toujours très visible, mais qui, pris dans son entièreté, peut avoir des effets stratégiques en fragilisant une défense russe qui a eu des mois pour se renforcer.
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