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La dédollarisation du monde : illusion ou réalité ?

La dédollarisation du monde : illusion ou réalité ?
(Getty Images)

Ces dernières semaines, plusieurs pays ont annoncé qu’ils ne paieraient plus leurs échanges bilatéraux en dollars. D’autres pays cherchent une issue pour ne plus être menacés par les sanctions américaines. Certains parlent déjà de dédollarisation du monde. Illusion ou réalité ?

Pourquoi est-ce important ?

La Russie, la Chine, l'Arabie saoudite, l'Inde, la Malaisie,… ont annoncé ces derniers jours qu'ils ne paieraient plus les transactions commerciales mutuelles - du moins en partie - en dollars, mais en yuans chinois ou en roupies indiennes. La dédollarisation du commerce mondial est théoriquement en cours depuis un certain temps, mais dans la pratique, le billet vert n'a pas grand-chose à craindre.

Dans l’actualité : Vladimir Poutine a promis à Xi Jinping, lors de la visite de ce dernier à Moscou, de commencer à introduire le yuan pour les « paiements entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ». Le dictateur russe souhaite depuis longtemps se débarrasser du dollar. La position de force que le statut de monnaie de réserve confère à Washington est depuis longtemps une épine dans son pied.

  • Pour la première fois dans l’histoire, la Russie a réglé plus de transactions en yuans qu’en dollars, au mois de mars.
  • L’Arabie saoudite s’est également déclarée prête à vendre du pétrole à la Chine et à le facturer (partiellement) en renminbi ou en yuan.
  • Cette semaine, l’Inde et la Malaisie ont décidé de régler leurs transactions en roupies indiennes.
  • Par ailleurs, les Émirats Arabes Unis (via le Français Total Energies) vient de réaliser sa première vente de gaz naturel liquéfié en yuans.
  • Le Brésil a également adopté le yuan pour une partie de ses échanges avec la Chine.

La mort du dollar a été maintes fois annoncée, en vain…

De quoi penser que la dédollarisation du monde est proche. Mais est-ce le cas ?

  • En apparence, cette dédollarisation est en cours depuis un certain temps. La part du dollar dans les réserves mondiales est passée de 72% en 1999 à 59% aujourd’hui.
  • Pourtant, le dollar domine toujours les marchés de la dette. Le montant des dollars détenus à l’étranger a également fortement augmenté au cours du siècle.
  • Dans un tweet récent, Robin Brooks, économiste en chef de l’Institute for International Finance, a souligné que le dollar a conservé sa « force presque record par rapport aux monnaies du G10 et des marchés émergents ».

Le yuan chinois et l’euro sont tout sauf des alternatives liquides et sans risque au dollar

La dédollarisation du commerce mondial se poursuit peut-être en théorie depuis un certain temps, mais dans la pratique, le billet vert n’a rien ni personne à craindre.

  • L’euro et le yuan ne sont certainement pas des alternatives crédibles. Pour la simple raison que l’UE n’a pas d’union bancaire. De plus, la Chine reste une autocratie où le gouvernement intervient dans l’économie comme il l’entend. À cet égard, le yuan et l’euro sont tout sauf des alternatives liquides et sans risque au dollar.

Pourtant, le monde d’aujourd’hui est très différent de celui de 1999. C’est pourquoi, selon le Centre for Economic Policy Research (CEPR), un monde monétaire multipolaire pourrait bien voir le jour.

  • C’est une mauvaise nouvelle pour les États-Unis. Washington reste très dépendant des fonds extérieurs pour financer son énorme montagne de dettes.
  • Si la tendance à la dédollarisation se poursuit, les États-Unis auront de plus en plus de mal à atteindre leurs objectifs de politique étrangère.
  • D’autres estiment que l’impact sur l’économie américaine sera limité. En effet, les États-Unis disposent d’autres atouts, tels que l’innovation technologique et leur vaste marché de consommation.

Conclusion : alors que le monde évolue vers un système monétaire plus multipolaire, il reste à voir comment cela affectera l’économie mondiale à long terme. L’action de Poutine ressemble davantage à un bluff pour l’instant, jusqu’à ce qu’il en devienne autrement.

(CP)

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