Malgré les différentes bouées de sauvetage lancées pour sauver de la noyade plusieurs banques aux États-Unis et en Europe, avec Credit Suisse, il est encore trop tôt pour crier victoire. Tout n’est pas réglé et le risque de voir un jeu de dominos persiste.
Le rachat du Credit Suisse « ne garantit pas la stabilité du marché », surtout en Europe, selon un haut stratège
Pourquoi est-ce important ?
Les deux dernières semaines ont été particulièrement tendues pour les gestionnaires de fonds spéculatifs et autres grands investisseurs, alors que deux grandes banques américaines se sont effondrées, poussant le gouvernement américain, ainsi que d’autres institutions bancaires, à réagir. Au même moment, sur le vieux Continent, c’est Credit Suisse qui se trouvait en forte mauvaise posture, forçant la banque centrale suisse à prendre des mesures et UBS à la racheter.L’actualité : l’accord UBS-Credit Suisse a certainement éliminé un risque financier imminent, mais cela ne garantit pas pour autant la stabilité du marché, prévient un stratège de haut niveau.
- « Le résultat pour les actionnaires peut également inquiéter les investisseurs dans d’autres banques faibles, en particulier, mais pas seulement en Europe. S’il est plus difficile de lever des fonds propres, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur la stabilité », a déclaré Krishna Guhu, stratège chez EvercoreISI, rapporte Yahoo Finance.
Le détail : tout n’est pas joué. « L’attention du marché s’élargira probablement à d’autres banques européennes plus faibles ainsi qu’aux banques régionales américaines », a prévenu Guhu.
Zoom arrière : le rachat du Credit Suisse par UBS pour 3 milliards de dollars n’est pas parfait.
- Il signifie en effet la mise à mort programmée de la banque puisque l’accord avec UBS implique que Credit Suisse sera liquidée.
- « Cette acquisition est attrayante pour les actionnaires d’UBS, mais, soyons clairs, en ce qui concerne Credit Suisse, il s’agit d’un sauvetage d’urgence », a déclaré le président d’UBS, Colm Kelleher.
- « C’est un jour historique, et un jour que nous espérions qu’il ne viendrait pas », a ajouté Kelleher lors d’un appel d’analystes auquel participait Hamers, PDG d’UBS.
« L’accord – qui devrait atteindre son objectif de stabiliser le Credit Suisse – est fortement positif pour la stabilité et les marchés mondiaux par rapport à un scénario sans issue. «
Krishna Guhu, stratège chez EvercoreISI
Un accord qui est loin d’être parfait
Le stratège souligne en effet que l’accord comporte des aspects qui pourraient finalement provoquer une contagion à travers l’ensemble du système bancaire européen.
- Le rachat du Credit Suisse par UBS implique que les quelque 17 milliards de dollars de dette de niveau 1 seront réduits à néant sur ordre du régulateur suisse.
- Une décision qui a provoqué la colère des détenteurs d’obligations AT1, car ces derniers sont finalement moins bien lotis que les actionnaires, alors que normalement, c’est l’inverse.
- Les détenteurs d’obligations AT1 ne profiteront en effet pas du rachat du Credit Suisse par UBS, contrairement aux actionnaires de la banque qui recevront 3,23 milliards de dollars.
- Les AT1 ou Additional Tier 1 ont été « conçues à la suite de la crise financière mondiale, les obligations AT1 sont une forme de dette junior qui compte dans le capital réglementaire des banques. Elles ont été conçues comme un moyen de transférer les risques aux investisseurs et loin des contribuables si une banque a des problèmes », rappelle Reuters.
- « C’est stupéfiant et difficile à comprendre comment ils peuvent inverser la hiérarchie entre les détenteurs d’AT1 et les actionnaires », a déclaré Jérôme Legras, responsable de la recherche chez Axiom Alternative Investments, à l’agence de presse.
Cette décision « risque d’étendre la contagion à travers le système bancaire européen par le biais de la réévaluation de la dette de renflouement et des actions d’autres banques », a en effet déclaré M. Guhu.
- Un avis partagé par l’équipe bancaire de Jefferies EU qui, en plus de s’inquiéter de la décision d’anéantissement des obligations AT1 de Creduit Suisse, pointe du doigt le fait que l’approbation des actionnaires n’a pas été demandée pour finaliser l’accord de rachat.