Du charbon au renouvelable sans passer par le GNL : comment la crise du gaz pousse des pays asiatiques vers une stratégie inédite

Depuis quelques années, plusieurs pays d’Asie du sud-est se préparaient à entamer leur transition énergétique en misant sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Mais les prix élevés constatés l’an dernier les ont refroidis. Pourraient-ils franchir plus rapidement un grand pas vers le renouvelable en diminuant la part qui était prévue pour le GNL jusqu’à il y a encore très récemment ?

Pourquoi est-ce important ?

Dans de nombreuses régions du monde, les autorités prennent conscience qu'elles doivent mettre en route la transition énergétique de leur pays. L'objectif est de faire grossir au maximum la part du renouvelable dans leur mix énergétique. Mais partout, ou presque, cela passe aussi par une source énergétique dite "de transition", qui pollue, mais pas autant que le charbon : le gaz. Sauf généralement dans ceux qui misent aussi sur le nucléaire.

Dans l’actu : Doutes en Asie du sud-est sur le GNL.

  • Longtemps dépendants du charbon, des pays d’Asie du sud-est tels que le Vietnam et les Philippines sont occupés, depuis quelques années, à construire les installations leur permettant d’importer du GNL et de l’utiliser pour produire de l’électricité.
  • Au vu des prix du gaz, ils se disent qu’il faudrait peut-être diminuer l’importance accordée à cette étape, et accélérer leur passage au renouvelable. Quitte à rester un peu plus longtemps dans le charbon.

Le détail : La conjoncture est loin d’être idéale.

  • Sauf surprise, le Vietnam et les Philippines entreront cette année dans la catégorie des pays qui importent du GNL. Chacun va voir au moins un terminal méthanier être totalement construit et prêt à fonctionner.
  • Théoriquement, d’autres installations devraient être achevées dans les années à venir, pour augmenter leurs capacités d’importation de GNL.
  • Cependant, les records atteints par les prix du gaz en Europe et en Asie l’an passé ont quelque peu refroidi les décideurs, rapporte le Financial Times.
    • Les craintes sont d’autant plus fondées que le Vietnam et les Philippines n’ont pas réussi à négocier des accords d’achat à long terme. Ils vont être tributaires des évolutions du marché au comptant, plus volatil.
  • Dans le même temps, les deux pays ont des craintes quant aux possibilités d’approvisionnement. Avec le réveil de la Chine et un appétit européen encore plus grand, le marché du GNL va se tendre en 2023. Et cela devrait se poursuivre durant la décennie. Est-ce vraiment une bonne idée de miser dessus ?

Et maintenant : des terminaux méthaniers sous-utilisés ?

  • Certains analystes estiment que toutes les installations destinées à importer du GNL que les Philippines et le Vietnam sont en train de finaliser risquent d’être sous-utilisées. La construction de certains terminaux pourrait même être interrompue et des projets annulés.
  • S’ils ne sont pas tous d’accord sur l’ampleur de cette diminution de l’attrait pour le GNL, ils le sont par contre pour une chose : les deux pays sont décidés à miser davantage et plus rapidement sur le renouvelable, moins coûteux et même peut-être plus fiable.
  • En contrepartie, dans la mesure où les énergies renouvelables demandent encore un peu de temps pour pleinement se développer, ils devraient continuer d’épuiser leurs ressources domestiques fossiles (charbon, gaz).
  • En 2021, la part du renouvelable dans la production d’électricité des Philippines était d’environ 20%, selon les statistiques compilées par Our World in Data. Au Vietnam, cette part a été d’un peu plus de 40%, principalement grâce à l’énergie hydraulique.
Plus