Dans l’actu : Le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a exhorté Washington de revoir ses politiques vis-à-vis de la Chine.

• « La perception et l’opinion des États-Unis à l’égard de la Chine sont gravement déformées« , a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Ils considèrent la Chine comme leur principal rival et le défi géopolitique le plus important. C’est comme si le premier bouton de la chemise était mal enfilé ».
• Le ministre reproche à Washington d’avoir choisi de « supprimer et de contenir » Pékin plutôt que de participer à une concurrence juste et réglementée.
  • Les États-Unis et la Chine sont impliqués dans une véritable guerre commerciale depuis 2018, lorsque l’administration Trump a imposé des droits de douane sur les produits chinois.
  • En outre, les États-Unis accusent la Chine d’espionnage économique et de vol de propriété intellectuelle. Ils ont également interdit l’utilisation de technologies chinoises comme Huawei pour des raisons de sécurité nationale, et envisagent de le faire désormais pour TikTok.

Le contexte : Les tensions entre les deux puissances mondiales se sont aggravées après la controverse concernant un « ballon espion chinois », dixit Washington, abattu par les forces américaines le mois dernier. Ce que la Chine continue de nier.

• Et cela ne s’arrête pas là : le Pentagone considère désormais que certains équipements des ports américains pourraient présenter un risque de surveillance ou de sabotage, jugeant que la Chine pourrait se servir des grues de fret géantes comme de possibles outils d’espionnage.

« Les États-Unis disent qu’ils établissent des garde-fous pour les relations avec la Chine et qu’ils ne cherchent pas le conflit, mais ce que cela signifie en pratique, c’est que la Chine n’est pas censée répondre par des mots ou des actions lorsqu’elle est calomniée ou attaquée. C’est tout simplement impossible. Si les États-Unis n’appuient pas sur le frein et continuent à accélérer sur la mauvaise voie, aucun garde-fou ne pourra empêcher le déraillement, et il y aura un conflit et une confrontation. Et qui en supportera les conséquences catastrophiques ? »

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang

Une « main invisible » dans la guerre en Ukraine

Il y a plus : La guerre en Ukraine est aussi venue mettre de l’huile sur le feu : si les États-Unis (et le monde occidental) dénoncent l’invasion russe, le président chinois Xi Jinping s’est toujours refusé de critiquer Moscou et a multiplié les rencontres entre les représentants de son pays et son homologue russe Vladimir Poutine.

• En témoigne la visite du plus haut diplomate chinois à Moscou il y a deux semaines, lors de laquelle Poutine s’est félicité des relations entre son pays et Pékin.
• Allant dans ce sens, le ministre Qin Gang a ajouté que « la Chine doit faire progresser ses relations avec la Russie maintenant que le monde devient plus instable ».
  • Il a aussi affirmé que « les interactions étroites entre le président Xi Jinping et le président Vladimir Poutine constituaient le point d’ancrage des relations Chine-Russie« , se faisant l’écho du président russe.
• Lors de la conférence de presse, Qin Gang a déclaré qu’une « main invisible » poussait à l’escalade de la guerre en Ukraine, « utilisant la crise ukrainienne pour servir certains agendas géopolitiques » – sans toutefois préciser à qui il faisait référence.
• Notons que la Chine affirme être neutre dans le conflit, mais elle n’a jusqu’alors jamais rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky. En outre, la CIA soupçonne désormais Pékin d’être en pourparlers avec la Russie pour la livraison d’armes et a tiré la sonnette d’alarme.
• Il s’agirait certainement d’un tournant majeur dans l’échelle du conflit, mais il reste à voir ce que la Chine a à gagner. Elle n’a aucun intérêt à se mettre du côté du perdant, et encore moins à subir les sanctions des Occidentaux. Rappelons que l’Europe est le premier partenaire commercial de la Chine.