Inflation en hausse, yen qui sombre et taux de rendement volatil : plusieurs données économiques sont tombées au Japon en cette fin de semaine. Des éléments qui sont généralement perçus comme mauvais pour l’économie.
Des nuages sombres s’accumulent au-dessus du Japon : les projecteurs sont braqués sur la Banque centrale, qui ne devrait pas bouger d’un iota

Pourquoi est-ce important ?
Le Japon est la troisième économie la plus importante du monde. Le pays est marqué par une demande intérieure faible et une croissance plutôt lente. La Banque centrale a ainsi toujours gardé les taux d'intérêt très bas, pour stimuler la machine économique. Elle est aujourd'hui une des seules du monde à persévérer avec des taux bas.Dans l’actu : Les chiffres mauvais pour l’économie japonaise s’accumulent cette semaine.
- Inflation : Après un taux d’inflation de 2,8% en août (en glissement annuel), le coût de la vie poursuit sa hausse. Sur le mois de septembre, l’inflation atteint 3%, annonce le pays ce vendredi. Il s’agit du plus haut taux en huit ans.
- L’inflation de base, qui exclut les produits énergétiques et alimentaires, a augmenté de 1,8% en un an, après une augmentation de 1,6% en août ; la hausse la plus rapide en sept ans.
- Yen : La devise nationale, le yen, connait une très mauvaise année. Il est en chute libre par rapport au dollar, encore plus que l’euro, la livre ou le yuan, par exemple. Dans de la nuit de jeudi à vendredi, il a dépassé le seuil critique de 150 yens pour un dollar, se trouvant désormais au plus bas en 32 ans. Il a commencé l’année à 115 pour un billet vert : sa chute dépasse désormais les 30%.
- Cette perte de valeur est d’ailleurs une des raisons principales de l’inflation dans le pays.
- Rendement des obligations : Les taux de rendement sur les obligations d’État sont en augmentation, dépassant le seuil que la Banque centrale qualifie de critique (et stimulant pour l’économie), c’est-à-dire 0,25%. On est loin de l’explosion des taux de rendement sur les obligations britanniques qui ont failli faire s’effondrer des fonds de pension entiers, mais la Banque du Japon est intervenue d’urgence jeudi.
- Elle a annoncé le rachat d’obligations de 10 à 20 ans, pour une valeur totale de 100 milliards de yens, d’obligations de 5 à 10 ans pour la même valeur et encore une tranche d’obligations plus longues pour 50 milliards de yens.
À l’avenir : Pas de hausse des taux d’intérêt en vue.
- On le sait, une méthode pour freiner l’inflation, augmenter le cours de la monnaie nationale et contrôler les taux de rendement des obligations est la hausse des taux d’intérêt.
- Or, la Banque du Japon est particulièrement réticente à les augmenter. Au Japon c’est la croissance avant toute chose : le taux d’intérêt directeur est d’ailleurs toujours dans le négatif (-0,1%). Ces vingt dernières années, il n’a jamais dépassé les 0,5%.
- Les responsables de la Banque se réunissent la semaine prochaine. Selon les analystes, ils pourraient revoir leurs prévisions de l’inflation (une baisse est attendue pour 2023), et peut-être revenir sur la politique de garder le taux de rendement limité à 0,25%, mais nombre d’entre eux s’attendent à ce que la politique monétaire reste très accommodante, rapporte Reuters.
La hausse actuelle des prix est principalement due à l’augmentation des coûts d’importation plutôt qu’à une forte demande. Le gouverneur Kuroda pourrait maintenir sa politique pour le reste de son mandat jusqu’en avril, mais il reste à savoir si le gouvernement le tolérera.
Takeshi Minami, économiste en chef à l’Institut de recherche Norinchukin, à Reuters.
- Les autres grandes économies du monde, comme les États-Unis et l’Europe, essaient toutes de limiter l’inflation, et augmentent les taux d’intérêt. Selon de nombreux critiques, elles ont vu le problème trop tard, se sont trop longtemps attendues à ce que l’inflation soit « temporaire » et qu’elle baisse naturellement, et sont aujourd’hui assez impuissantes contre la hausse du coût de la vie. Reste à voir si cela peut servir de mise en garde au Japon, et à quel niveau du yen ou du taux d’inflation elle pourrait intervenir.