L’Allemagne a franchi une étape importante samedi: ses réserves de gaz ont atteint 75% de leur capacité deux semaines plus vite que prévu. Mais même si le pays atteint son objectif de 95%, cela pourrait ne pas être suffisant pour passer l’hiver au chaud.
Klaus Müller, président de la Bundesnetzagentur, l’autorité allemande de régulation de l’électricité, du gaz, des télécommunications, des postes et des chemins de fer, a déclaré que des réserves de gaz remplies à 95% seraient suffisantes pour alimenter et chauffer le pays pendant seulement deux mois et demi si la Russie coupait le robinet.
En d’autres termes, si Moscou stoppait ses approvisionnements, qui ne fonctionnent actuellement qu’à 20% de leur capacité, l’Allemagne n’aurait pas assez de gaz pendant les mois d’hiver. C’est une possibilité réelle : la Russie pourrait utiliser le gaz comme moyen de pression, en représailles aux sanctions occidentales imposées après l’invasion de l’Ukraine.
Automne froid
L’Allemagne a déjà pris un certain nombre de mesures au cours des dernières semaines pour réduire sa consommation de gaz. Berlin a aussi annoncé l’arrivée d’une nouvelle taxe sur le gaz. Dans le même temps, il apparaît qu’une prolongation du nucléaire est devenue une option de plus en plus probable.
Pourtant, cela risque de ne pas être suffisant, a déclaré Klaus Müller à Bloomberg mardi. « Nous sommes un peu plus rapides qu’avant en termes de reconstitution des stocks, mais ce n’est pas un signe que nous pouvons nous détendre », a-t-il rappelé.
En outre, le risque d’une vague de froid pourrait rendre difficile la réalisation de l’objectif de 85% pour le 1er octobre. L’objectif d’atteindre 95% au 1er novembre serait même « difficile à réaliser », selon lui. « Je ne peux pas promettre que toutes les installations de stockage en Allemagne seront remplies à 95% d’ici novembre. Dans le meilleur des cas, les trois quarts atteindront cet objectif. »
Priorités
La Bundesnetzagentur va maintenant examiner comment elle peut faire en sorte que les industries essentielles soient prioritaires en cas de pénurie de gaz. Mais selon Klaus Müller, le secteur ne doit pas s’attendre à ce que l’agence dresse un classement des entreprises qui seront les premières à manquer de gaz.
« Nous ne savons toujours pas comment la crise va évoluer. Nous ne pouvons pas dire avec certitude que certains consommateurs seront coupés plus tôt que d’autres », a-t-il indiqué. « Nous sommes transparents, mais je sais que ce ne sont pas des nouvelles satisfaisantes ».
(OD)