« Victoire de Joe Biden ». Les titres de presse sont quasi unanimes sur le nouveau plan « pour le climat et la santé », adopté lundi. Un plan qui vise aussi à lutter contre l’inflation et qui en porte même le nom. Mais n’est-ce pas ce genre de plans à plusieurs milliers de milliards de dollars qui ont justement déclenché cette inflation ?
La « victoire de Joe Biden » souffre d’au moins deux contestations. D’abord, il s’agit d’un plan raboté. Qui est passé d’une enveloppe de 3.500 milliards de dollars à 430 milliards de dollars. Le prix à payer pour faire adopter « l’Inflation Reduction Act » par le Sénat, il y a deux jours.
Car, dès le départ, ce plan hyper ambitieux pour refinancer l’éducation, la santé et les aides aux familles a non seulement suscité le courroux des républicains, mais aussi de l’aile droite des démocrates.
Pour les républicains, le plan voulu à l’origine par Biden allait faire plonger les États-Unis dans « le socialisme », un terme encore largement perçu comme une insulte, outre-Atlantique. Une dette de plus, qui allait alourdir celle créée en 2021 par le plan de relance à 1.900 milliards de dollars, puis par le plan infrastructure à 1.200 milliards de dollars. Vous vous en souvenez, 3.100 milliards de dollars en quelques mois pour sortir de la crise sanitaire.
Pour passer l’échelon de la Chambre des représentants, le plan social a subi une première coupe, pour être porté à 1.750 milliards de dollars. Pour passer la rampe du Sénat, où le plan était bloqué par certains sénateurs démocrates, comme Joe Manchin, il a pris à nouveau un coup dans l’aile pour aboutir, lundi donc, au plan à 450 milliards. Avouez que parler de victoire pour un plan dont le montant a été divisé par 8, c’est assez curieux.
À l’origine de l’inflation
Enveloppé dans un drap climatique, le plan, au vu de l’actualité, a finalement porté le nom de « Inflation Reduction Act ». Un plan anti-inflation censé soutenir le pouvoir d’achat des Américains face à la montée des prix.
C’est vite oublier que ce sont les plans précités qui ont déclenché l’inflation aux États-Unis, mais aussi en Europe. Certes, la guerre en Ukraine a servi de catalyseur, mais la hausse des prix n’a pas attendu le mois de mars 2022 pour se déclencher.
Les banques centrales ont été largement pointées du doigt pour leur politique trop laxiste et trop tardive. Elles auraient dû se pencher sur les taux d’intérêt et réduire leur programme de rachats dès la fin 2021, ce qu’elles n’ont pas fait, nous conduisant, hors contexte géopolitique, à la situation d’aujourd’hui.
La « Bidenflation », comme aiment l’appeler les républicains à l’approche des midterms, peut-elle se guérir par le même poison, même si raboté ? La réalité, c’est que ça fait belle lurette que le capitalisme de « destruction créatrice » s’est transformé en capitalisme de planche à billets. Une bombe à retardement pour certains.