Le géant américain du commerce en ligne a annoncé le rachat de One Medical, un fournisseur de soins de santé primaires, pour la coquette somme de 3,9 milliards de dollars. Avec ce rachat, le troisième plus cher de son histoire, l’entreprise démontre son désir de se développer toujours plus sur des secteurs d’activités qu’elle juge florissants.
Quand est-ce que le mastodonte Amazon sera-t-il rassasié ? Après s’être lancé et développé sur le secteur de la grande distribution – avec le rachat de la chaine d’épicerie Whole Foods et l’ouverture de ses propres magasins de proximité – et celui du divertissement – avec son propre service de streaming, Amazon Prime Video, et le rachat de MGM –, Amazon s’étend encore un peu plus sur le marché des soins de santé. Le groupe vient en effet de débourser 3,9 milliards de dollars pour acquérir One Medical, un fournisseur de soins de santé primaire, marquant ainsi une expansion majeure de l’entreprise vers ce secteur.
Car oui, Amazon n’est pas totalement étranger aux soins de santé. Le géant de l’e-commerce dispose déjà de sa propre pharmacie en ligne et propose également un service de télésanté. Avec le rachat de One Medical, l’entreprise pourrait intégrer une offre de soin de santé à son service d’abonnement Prime, comme elle l’a fait – sur certains marchés – avec MGM et Whole Foods. Cela enrichirait l’offre et favoriserait les abonnements, ainsi que la fidélité des clients.
Quant à One Medical, l’entreprise se décrit comme « une organisation nationale de soins primaires centrée sur l’humain et alimentée par la technologie, dont la mission est de rendre les soins de qualité plus abordables, plus accessibles et plus agréables grâce à une combinaison transparente de services de soins en personne, numériques et virtuels qui sont pratiques là où les gens travaillent, font leurs courses et vivent ».
Les géants de la tech, ces « conglomérats modernes »
Cette nouvelle acquisition montre qu’Amazon est prêt à dépenser beaucoup d’argent pour diversifier ses branches d’activités, afin de poursuivre sa croissance en dehors de ses secteurs de base, à savoir l’e-commerce et le cloud. Un comportement que l’on retrouve chez d’autres géants de la tech, notamment chez Google – qui s’intéresse d’ailleurs de près à la santé -, Facebook ou encore Apple. Aujourd’hui, ces entreprises technologiques œuvrent en dehors de leurs activités principales, se transformant en « conglomérats modernes », selon l’avis d’Emilie Feldman, professeur de gestion à l’école Wharton de l’Université de Pennsylvanie.
« Ce qu’ils font, c’est une stratégie de recherche de croissance dans les adjacences à un secteur principal qui pourrait être un peu limité en soi », a expliqué la professeur Feldman, à CNBC. « Ainsi, le commerce électronique est le commerce électronique, mais nous pouvons rechercher des niches qui pourraient connaître une croissance plus rapide, comme les soins de santé, ou nous pouvons encore accélérer notre capacité à atteindre les yeux des gens par le biais de publicités ou quelque chose de ce genre grâce à MGM. »
Se diversifier pour éviter les critiques
Amazon, de même que les autres géants de la tech, ne peut inlassablement se développer dans ses principaux secteurs d’activité, car cela pourrait mettre en colère les autres acteurs, mais surtout les régulateurs qui pourraient l’accuser de monopole. C’est pourquoi ces entreprises se développent ailleurs, dans des branches qui peuvent ou non avoir un lien avec leurs secteurs de base. Un seul point est crucial : il faut qu’il y ait une opportunité de croissance. Et c’est le cas avec les soins de santé.
« Ils doivent se lancer dans de nouveaux domaines où ils peuvent trouver de la croissance, et les soins de santé sont mûrs. Avec cette acquisition, ils disent qu’ils sont là pour gagner, dès maintenant », a convenu Lisa Phillips, analyste principale de la santé numérique chez Insider Intelligence.
Le groupe n’a pour l’instant pas indiqué vers quoi il comptait se diriger avec One Medical dans ses rangs. Cependant, Neil Lindsay, vice-président senior d’Amazon Health Services, a assuré que les soins de santé représentaient une opportunité, en raison du fait qu’ils « figurent en bonne place sur la liste des expériences qui doivent être réinventées ».
La pandémie de coronavirus a en effet montré que le secteur n’était pas optimal, du moins pas suffisamment moderne, et que les technologies avaient véritablement leur place dans les soins de santé.