À mesure que la guerre en Ukraine se poursuit et que les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie se multiplient, la menace d’une réponse forte et brutale de Moscou croit. Alors que l’UE élabore un plan concret pour se défaire du pétrole russe dans le cadre de son embargo, l’Europe n’ignore pas la possibilité d’un arrêt complet des importations de gaz naturel russe et tente de s’y préparer.
L’Europe est particulièrement dépendante des énergies russes. C’est en fait, mais cela est en train de changer. C’est en tout cas le projet de l’Union européenne, un projet qui ne se concrétisera pas en un claquement de doigts. Et si elle est parvenue à réduire sa demande en pétrole russe en se tournant vers d’autres fournisseurs, les perspectives sont un peu plus sombres pour ce qui est du gaz naturel. Et ça, Moscou en est bien consciente. Elle pourrait d’ailleurs tenter de tirer profit de la situation et faire pression sur l’Europe pour qu’elle annule ses sanctions, au risque de voir ses approvisionnements en gaz russe couper. Une menace à laquelle l’UE se prépare.
Se préparer au pire
Tous les pays risquent d’être coupés du gaz russe, a averti Kadri Simson, commissaire européenne à l’Energie. Pour la Pologne, la Bulgarie et la Finlande, c’est déjà le cas, suite à leur refus de se plier à l’exigence du Kremlin de payer leurs factures en roubles.
Une menace qui pousse l’UE à stocker autant de gaz que possible. Mais l’Europe cherche de toute manière à se défaire des importations de gaz russe dès cette année en se tournant vers d’autres fournisseurs, mais cela ne sera pas une tâche facile, surtout si Moscou accélère le processus en coupant son approvisionnement. Dans ce cas, l’UE devra faire plus pour équilibrer les pertes.
« Nous sommes confrontés à une situation où n’importe quel État membre pourrait être le prochain [à être coupé] », a déclaré Simon, dont les propos sont rapportés par le Financial Times. « Jusqu’à présent, nous avons pu répondre aux préoccupations de sécurité d’approvisionnement de ces trois États membres, principalement grâce à la solidarité des voisins ». « Cette année, s’il y a une perturbation totale » – comprendre une coupure des importations russes – « nous préparons des plans d’urgence ».
Un impact sur de nombreux secteurs
Si Moscou venait effectivement à couper son gaz vers l’Europe, cela n’aurait pas seulement un impact sur le prix de l’énergie et donc, sur les consommateurs, car le gaz est très utile à de nombreux secteurs. L’industrie (produits chimiques, en céramique, en verre et alimentaires) représente en effet à elle seule 27% de la consommation de gaz de l’UE.
Avec des livraisons moindres, la Commission devra faire des choix. Il est en effet question de rationner les approvisionnements de l’industrie et d’épargner les ménages. Les stocks de gaz seraient ainsi utilisés pour approvisionner les secteurs qui produisent des produits alimentaires, de sécurité et de santé.
Des prévisions optimistes
La commissaire reste cependant optimiste. Elle estime que l’UE sera en mesure de remplacer les deux tiers du gaz russe dès cette année, comme la Commission s’était engagée à le faire. L’Europe a déjà fait d’importants efforts, réduisant ses importations de gaz russe de 40 à 26%. Kadri Simson estime que les États membres parviendront à faire tomber ce chiffre à 13% d’ici la fin de l’année.
Les réserves de gaz européennes sont remplies à 44%, contre 36% par rapport à l’année dernière, grâce à des livraisons records de GNL – gaz naturel liquéfié – d’autres fournisseurs. Ce qui est évidemment un bon signe.
Les importations provenant des États-Unis et de Norvège ont été revues à la hausse et des discussions avec l’Égypte et Israël sont également en cours. « Nous prévoyons de renouveler notre dialogue énergétique avec l’Algérie », a confié la commissaire.