La Banque centrale européenne s’attend à ce que les travailleurs demandent des salaires plus élevés pour compenser la perte de pouvoir d’achat due à une forte inflation, selon le compte rendu de la réunion de politique générale des 13 et 14 avril qui vient d’être publié.
La BCE confirme l’imminence de la spirale salaires-prix: la hausse des taux en juillet est désormais une certitude
Pourquoi est-ce important ?
La BCE a longtemps soutenu que ces "effets de second tour" (qui suivent le premier choc, la hausse des prix de l'énergie) ne se manifestaient guère, et qu'une hausse des taux n'était donc pas nécessaire pour freiner l'inflation. En identifiant désormais la spirale salaires-prix comme une menace réelle, Francfort ouvre la porte à une hausse des taux en juillet.« Il n’y a pas de spirale salaires-prix. L’inflation est causée exclusivement par la hausse des prix de l’énergie et sera temporaire ». Telle a été la position de la BCE pendant des mois. Mais ces dernières semaines, il est devenu évident que plusieurs banquiers centraux de la zone euro ont changé d’avis. Cela s’exprime désormais également dans les comptes rendus des réunions.
« Jusqu’à présent, seul un petit nombre de contrats salariaux ont été renégociés depuis que l’inflation a commencé à augmenter. Toutefois, il ne fait guère de doute que les travailleurs finiront par demander une compensation pour la perte de pouvoir d’achat », peut-on lire. Un peu plus loin: « Les membres de la réunion ont souligné qu’il est difficile d’imaginer une hausse durable de l’inflation sans une augmentation de la pression sur les salaires. »
Et encore: « De l’avis général, l’inflation obstinément élevée – et plus élevée que prévu – augmente le risque d’effets de second tour dus aux coûts salariaux. Toutefois, les avis divergent sur la mesure dans laquelle ces risques sont susceptibles de se concrétiser. »
Augmentation du taux d’intérêt de 50 points de base ?
Pour la plupart des économistes, il est désormais absolument certain que la Banque centrale européenne relèvera ses taux d’intérêt pour la première fois, non pas en septembre, mais en juillet, comme l’ont déjà laissé entendre plusieurs dirigeants de la BCE. Argument en faveur de ce timing: la BCE espère éviter de devoir freiner lorsque la zone euro est en récession, ce qui ne ferait qu’exacerber une telle crise économique.
« Une hausse des taux en juillet n’est plus incertaine, la seule incertitude est de savoir si elle sera de 25 ou 50 points de base », a résumé l’économiste d’ING, Carsten Brzeski, commentant le rapport.
Quoi qu’il en soit, la BCE va se trouver sur la corde raide. Une hausse de 50 points de base, telle que proposée par Klaas Knot (de la banque centrale néerlandaise), constituerait une sorte de rattrapage par rapport à la Fed et à la Banque d’Angleterre, qui ont déjà relevé leurs taux de base. Mais certains de ses collègues craignent que cette manœuvre ne soit trop brutale et ne ralentisse trop l’économie européenne.