Pour faire face à l’inflation, la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, augmente les taux d’intérêt. Les conséquences sont nombreuses, mais une d’entre elles est une chute brtule des cours boursiers. Or, cela fait précisément partie du plan de la Fed pour réduire l’inflation.
Mercredi, la Fed a décidé d’augmenter les taux d’intérêt de 0,5 point de pour cent. Mercredi en fin de journée, Wall Street a encore terminé dans le vert, mais jeudi, ça a été l’hécatombe sur les marchés boursiers. Le S&P 500 a perdu près de 1000 points, sa pire chute en deux ans, et le Nasdaq près de 6%.
Depuis le début de l’année, Wall Street est mal en point. Les deux indices ont perdu respectivement 13 (pire début d’année depuis 1939) et 21% depuis le jour de l’an, après une année phénoménale. La perspective de la hausse des taux d’intérêt, pour contrer l’inflation, a notamment été une des raisons de ce phénomène baissier. Certains analystes allaient jusqu’à se demander si la mauvaise posture du marché allait jouer sur la décision de la Fed, pour ne pas prendre de mesures trop agressives et laisser les mesures de soutien en place, mais elle n’a pas pris en compte ces considérations.
Au contraire, l’idée de la Fed est précisément de faire baisser les marchés. C’est ce qu’affirme Bill Dudley, ancien gouverneur de la Réserve fédérale de New York, dans les colonnes de CNN Business. « L’agitation à Wall Street est une caractéristique, et non un problème, de la lutte de la Réserve fédérale contre l’inflation », analyse-t-il. « Ce qui se passe en ce moment est exactement ce que la Réserve Fédérale veut qu’il se passe. »
Rendre l’argent plus cher
« Ils veulent un marché boursier plus faible. Ils veulent des rendements obligataires plus élevés », continue l’ancien gouverneur. « Je pense que le marché boursier est finalement en train de s’en rendre compte ».
Pour sortir de la crise sanitaire, la Fed avait baissé les taux d’intérêt à quasi zéro. Emprunter de l’argent était quasi gratuit, ce qui encourageait les dépenses et la relance. Cela encourageait également les dépenses dans des actions plus risquées, comme celles de la tech, et c’est pour cela que l’année 2021 a été phénoménale pour de nombreuses entreprises technologiques. Mais cela a également, parmi d’autres facteurs, fait pression sur l’inflation : trop d’argent en circulation fait augmenter les prix.
La Fed doit donc revenir sur les décisions (et elle le fait peut-être trop tard). En augmentant les taux d’intérêt, emprunter de l’argent devient plus cher, et investir dans des actions risquées devient moins intéressant. Les investisseurs vont se retourner vers des paris moins risqués, comme les obligations, dont le rendement est désormais plus élevé. ces investissements, sur le long terme, donnent normalement plus de stabilité à l’économie.
Voyant que les actions baissent, et que le rendement sur les obligations augmente, « la Fed doit être satisfaite du fait que le changement de ses plans de politique monétaire a commencé à affecter les prix des obligations et des actions d’une manière qui lui permettra de contrôler plus facilement une économie en surchauffe », estime Dudley.
Ne pas aller trop loin
Freiner l’inflation en ralentissant l’économie comporte cependant des risques, notamment celui de la récession. La Fed ne veut pas faire paniquer les investisseurs : un krach du marché serait notamment un mauvais signal pour l’ensemble de l’économie, car les différents acteurs perdraient confiance.
La Fed devra alors trouver la balance entre les deux. Pour Dudley cependant, des maux de tête pour la bourse sont encore à venir. Les investisseurs sous-estimeraient jusqu’où la Fed pourrait aller pour freiner l’inflation. Sur l’année 2023, le resserrement des politiques monétaires devrait continuer de plus belle.