Depuis environ 24h, les quelques informations qui nous proviennent de Transnistrie, une région de Moldavie indépendante de facto depuis 1991 et dont le régime est soutenu par plusieurs unités de l’armée russes, ont de quoi susciter l’inquiétude. Le 25 avril, le siège du ministère de la Sécurité publique de la république moldave du Dniestr (le nom « officiel » de la Transnistrie) , à Tiraspol, a été visé par une attaque au lance-grenades, sans faire de victimes. Le lendemain, un émetteur radio relayant des fréquences russes a été mis hors service après avoir été la cible de deux explosions.
Ces deux incidents ont provoqué la mise en état d’alerte des troupes russes basées dans la région, de même que de l’armée de Transnistrie, constituée en partie de milices issues des populations russophones de la république séparatiste.
Des « factions internes » qui veulent pousser au conflit
Du côté moldave, on craint une reprise des tensions avec cette région qui, officiellement, fait partie du pays. la présidente du pays, Maia Sandu, a lancé un appel au calme à la télévision, diffusé par The Guardian: « Il s’agit d’une tentative pour accroître les tensions. […] Les autorités moldaves suivent avec grande attention ce qui est en train de se passer dans la région contrôlée par Tiraspol. Ces tentatives d’escalades sont le fait de factions internes à la région de Transnistrie, qui sont pro-conflit et cherchent à déstabiliser la situation dans la région. Nous appelons nos concitoyens à rester calmes et à se sentir en sécurité » a-t-elle déclaré, avant d’annoncer des mesures visant à renforcer les patrouilles frontalières et les contrôles dans les transports, et qu’une réunion de sécurité était prévue pour ce jeudi.
Des troupes russes et des dépôts d’armes
La Transnistrie, ou république moldave du Dniestr, a proclamé son indépendance après la dissolution de l’URSS et que la Moldavie ait elle-même déclaré son indépendance. La région, long corridor de 1.500 km, se trouve enclavée entre la Moldavie et l’Ukraine, et abrite toujours des troupes russes, Moscou s’étant de facto érigée en protectrice de la région et de son autonomie. On estime qu’environ 1.500 soldats russes s’y trouvent, ainsi que des dépôts d’armes. L’armée de Transnistrie, quant à elle, compterait environ 5.000 soldats supplémentaires.
Suite aux attaques, ces forces ont été mises en état d’alerte. « Les autorités ont décidé d’augmenter les mesures de sécurité et même d’annuler la parade prévue pour le 9 mai [date à laquelle la Russie célèbre la victoire de la Seconde Guerre mondiale] ” avance même le journal italien La Repubblica.
Des minorités russes « menacées » ?
dans un contexte où, en Ukraine, l’effort des forces russes se porte maintenant vers le sud-ouest du pays, certains observateurs estiment que Vladimir Poutine cherche à se conquérir un territoire contigu à travers le Donbas puis la Crimée, voire au delà le long des côtes de la mer Noire. Et donc jusqu’en Transnistrie : la semaine dernière, un commandant russe de haut rang a déclaré que l’objectif de la nouvelle offensive russe était de prendre le contrôle du sud de l’Ukraine jusqu’à la frontière de la région sécessionniste, ce qui fait craindre que ce petit pays d’Europe de l’Est ne devienne un nouveau point chaud dans les tensions croissantes entre Moscou et l’Ouest.
S’il s’agit-là de suppositions, ces attaques, dont les auteurs restent inconnus, pourraient être considérées comme des provocations justifiant une intervention. D’autant que la Transnistrie est peuplée à 34% de Russes ethniques, qui pourraient nécessiter une « protection » selon le schéma de pensée du Kremlin, tout comme c’est le danger de « génocide » des populations russophones du Donbas qui a en premier lieu servi de prétexte à « l’opération spéciale » en Ukraine. Une situation qui, du côté moldave, fait craindre d’être la prochaine cible, alors que le pays ne fait pas non plus partie de l’OTAN mais a aussi demandé son adhésion rapide à l’Union européenne.