Ukraine, Géorgie et Moldavie reçoivent des fond de l’UE pour moderniser leurs forces armées

L’Union européenne accorde son aide financière à l’Ukraine face aux demandes de secours du pays, qui se dit sur le point d’être victime d’une invasion russe, ce que le Kremlin défend vigoureusement. Mais l’UE ne se mouille pas (trop): si cet argent est destiné à l’armée ukrainienne, c’est pour renforcer son potentiel humanitaire. Moldavie et Géorgie, aussi dans des relations compliquées avec Moscou, bénéficieront des mêmes largesses.

La situation reste des plus tendues entre l’Ukraine et la Russie : depuis plusieurs mois, Kiev réclame l’aide de ses alliés et accuse à tort et à cri Moscou de masser des troupes près de la frontière en vue de préparer une opération militaire de grande ampleur. Aux dernières estimations des Ukrainiens, plus de 115 000 soldats, largement pourvus en chars, en artillerie, et en systèmes de guerre électronique se prépareraient à l’action du côté russe de la frontière, ainsi qu’en Crimée et dans les provinces sécessionnistes du Donbass.

L’Ukraine dans l’Otan : un casus belli

Du point de vue de Moscou évidemment, la perception de la situation est très différente : le ministre russe de la Défense, Sergueï Lavrov, en déplacement à Stockholm pour des négociations censées désamorcer la situation, voit là une stratégie concertée des occidentaux.

« Le scénario cauchemar de la confrontation militaire est en train de faire son retour en Europe » a prévenu le ministre russe, accusant l’Otan de « rapprocher son infrastructure militaire des frontières russes. » Une éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’Otan, ce que le pays demande à peu près depuis qu’il existe, constituerait un véritable casus belli pour la Russie, qui verrait ainsi l’Alliance atlantique capable de se déployer au plus près de ses frontières – dont le tracé n’est plus si certain, entre une Crimée annexée et des provinces d’Ukraine russophones qui veulent devenir pleinement russes. « Nous sommes intéressés dans des efforts communs en vue de la résolution de la crise ukrainienne, nous y sommes prêts » a ajouté M. Lavrov.

Les bourses de l’Europe se dénouent

Pendant ce temps, si l’Ukraine ne fait pas partie de l’Alliance atlantique, elle peut toutefois compter sur des alliés, et sur leur aide indirecte. L »Union européenne vient ainsi de débloquer 31 millions d’euros, qui seront accordés au pays sur une période de 36 mois. Cet argent est destiné, de manière plus ou moins assumée, à soutenir l’effort de quasi-guerre selon le communiqué publié par l’UE:  » [Cet argent servira à] renforcer les capacités de ses forces armées […], notamment avec des unités médicales, des hôpitaux de campagne, des unités du génie et des unités de logistique. » En d’autres termes, l’UE ouvre les cordons de sa bourse à un pays sur le pied de guerre, sans citer explicitement le moindre moyen guerrier, à part une vague mention de « moyens de contre-mesures électroniques ».

Trio européiste en Europe orientale

L’Ukraine ne sera d’ailleurs pas le seul pays à bénéficier des largesses de l’UE : la Géorgie et la Moldavie forment avec un elle un trio d’anciens pays du bloc de l’est qui désirent se rapprocher de l’Europe, tout en acceptant de ne pas être admis officiellement dans le club à moyen terme. Et ces deux pays obtiendront le même genre d’aide financière : la Géorgie recevra 12,7 millions d’euros, et la Moldavie 7 millions. Des sommes destinées là aussi à moderniser leurs forces armées, mais seulement pour renforcer leur capacité à fournir une aide médicale et logistique aux populations civiles « en cas de crise ou de situation d’urgence. »

Pour rappel, la Géorgie, qui a été le théâtre d’une courte guerre avec la Russie en 2008, aspire, comme l’Ukraine, à rejoindre l’Otan. Quant à la Moldavie, ses relations avec Moscou sont difficiles, en raison de la présence de troupes russes en Transnistrie, région russophone séparatiste et de facto indépendante depuis 1990, même si aucun pays lui-même reconnu par l’ONU ne lui a accordé de reconnaissance, pas même la Russie.

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