Les Belges ont apparemment couru dans les pharmacies pour obtenir les comprimés d’iode gratuits fournis par le gouvernement. Le pic de la demande est lié à la guerre en Ukraine et à la menace nucléaire lancée par le président russe Poutine. Mais la réalité est que les pilules ne sont pas vraiment utiles au lendemain d’une attaque nucléaire. Elles ne fonctionnent pas pour la plupart des personnes de plus de 40 ans de toute façon. Ceux qui veulent réellement se préparer à un conflit nucléaire auront besoin d’autres choses.
Pour commencer, voici ce qu’est l’iodure de potassium – le produit contenu dans les comprimés – et ce qu’il pourrait faire en cas d’urgence nucléaire. L’iodure de potassium peut empêcher l’iode radioactif d’être absorbé par la glande thyroïde, ce qui la protège des dommages causés par les radiations. Votre thyroïde, qui produit des hormones régulant notamment le métabolisme, les fonctions cardiaques et digestives et le contrôle des muscles, est la partie de votre corps la plus sensible à l’iode radioactif.
L’explosion d’une bombe nucléaire ou la fusion d’une centrale nucléaire libère de l’iode radioactif dans l’air et les personnes à proximité inhalent cet iode radioactif. Votre thyroïde ne peut pas faire la différence entre l’iodure de potassium et l’iode radioactif et absorbera les deux. Cependant, votre thyroïde ne peut contenir qu’un certain nombre d’éléments à la fois. Ainsi, lorsque vous avez consommé de l’iodure de potassium, il empêche l’iode radioactif auquel vous êtes exposé de pénétrer dans votre thyroïde. C’est un point crucial, car si l’iode radioactif s’accumule dans votre thyroïde, il peut y provoquer un cancer.
Pourquoi cela n’a pas de sens si vous avez plus de 40 ans
Le risque est particulièrement élevé pour les nourrissons et les jeunes enfants exposés à l’iode radioactif, comme l’a montré l’incidence accrue du cancer de la thyroïde chez les enfants exposés par l’air et le lait contaminé après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986. Mais si l’iodure de potassium peut être un outil important pour aider à protéger la partie la plus jeune de la population des effets de l’iode radioactif, quelques facteurs permettent de déterminer son efficacité. Cette efficacité dépend, entre autres, de la rapidité avec laquelle vous le prenez après avoir été exposé à l’iode radioactif, de la rapidité avec laquelle il est absorbé dans votre sang et de la quantité d’iode radioactif à laquelle vous avez réellement été exposé. Il n’est pas efficace contre autre chose que l’iode radioactif, et il n’est pas recommandé aux personnes de plus de 40 ans.
En effet, les personnes de plus de 40 ans n’ont pratiquement aucun risque de développer un cancer de la thyroïde à cause des radiations, et sont plus susceptibles que les personnes plus jeunes de présenter des effets secondaires. Parallèlement, le risque de maladie thyroïdienne latente, telle que la formation de goitres (nodules ou kystes), est plus élevé à partir de 40 ans. Une dose trop élevée d’iode peut entrainer une surproduction d’hormones thyroïdiennes, avec un risque d’arythmie cardiaque. Dans ce cas, les effets indésirables possibles des comprimés l’emportent sur le bénéfice pour la santé.
En cas d’explosion nucléaire, l’iode radioactif ne représentera que 0,2 % de l’exposition totale aux rayonnements dangereux.
Mais si vous n’avez pas encore atteint la quarantaine, si vous êtes exposé à de l’iode radioactif, vous devez continuer à prendre des pilules d’iodure de potassium aussi longtemps que dure l’exposition. Et essayez juste d’établir combien de temps cela représente dans le cas d’une guerre nucléaire.
Une autre grande idée fausse est que les pilules constituent une protection générale contre l’empoisonnement par les radiations. L’iode radioactif ne représente toutefois qu’un faible pourcentage des éléments auxquels le corps humain serait exposé en cas d’attaque nucléaire. Les comprimés d’iode ne sont conçus que pour empêcher l’ingestion d’iode radioactif, qui n’est qu’un seul radionucléide parmi les milliers qui existent.
En cas d’explosion nucléaire, l’iode radioactif ne représentera que 0,2 % de l’exposition totale aux rayonnements dangereux que vous pourriez rencontrer à l’extérieur. Outre la glande thyroïde, d’autres parties de votre corps peuvent absorber (et absorberont) des rayonnements. En fin de compte, la quantité de radiations que vous absorbez déterminera le degré de votre maladie et la durée de votre survie.
Allez à l’intérieur, restez à l’intérieur, privilégiez les sous-sols
Les remèdes miracles n’existent pas quand la bombe tombe. En cas d’explosion nucléaire, la chose la plus importante est de trouver un bon endroit pour se cacher et d’y rester, disent les experts. Enfin, si vous avez la chance de survivre à l’éclair brulant, aux ondes de choc écrasantes et à l’énorme conflagration que provoque une explosion nucléaire.
S’abriter dans une structure solide pendant au moins 12 à 24 heures est un moyen important de survivre à cette menace. Monter dans sa voiture et essayer de s’éloigner des radiations (si elle démarre encore, ce qui n’est pas évident s’il ne s’agit pas d’un vieux modèle qui ne repose pas sur de l’électronique, mais c’est une autre histoire) ne sert à rien du tout. Les retombées sont balayées par les vents à grande vitesse dans la haute atmosphère.
A l’intérieur et de préférence au milieu de ce bâtiment, vous avez déjà moins de rayonnement. Le sous-sol est également préférable, car le sol constitue un excellent bouclier contre les radiations. Les voitures, les abris en bois, en plâtre et autres matériaux peu épais ne protègent pas beaucoup contre les radiations. La brique ou le béton sont préférables. Peu ou pas de fenêtres également. Dans les premières minutes et heures qui suivent une explosion, le risque d’exposition aux retombées radioactives est le plus élevé, surtout à l’extérieur.
Ça commence avec une radio à manivelle
Il est judicieux d’établir un plan familial et de constituer quelques petits kits d’urgence simples que vous pourrez conserver à la maison, au travail et dans votre/vos voiture(s). Selon les experts, ce n’est pas seulement utile en cas d’holocauste nucléaire, mais une préparation générale à l’urgence. Des listes circulent sur ce que doit contenir un tel kit d’urgence, et nous ne nous inspirons pas ici de celles des « préparateurs de l’apocalypse » ou des survivalistes, mais de celles des agences gouvernementales.
Le premier élément de la liste est une radio – idéalement une radio à manivelle avec un port de charge USB qui peut alimenter d’autres appareils. Ces radios d’urgence disposent d’une torche en plus de la poignée pivotante et sont rechargeables via un panneau solaire. Les modèles les plus luxueux intègrent même une fonction SOS et une lampe de lecture. Une radio est importante pour recevoir les émissions et les instructions d’urgence. C’est l’un des moyens les plus faciles de savoir où les retombées dangereuses ont atterri, quand vous pouvez quitter votre abri et quels sont les itinéraires les plus sûrs pour quitter une zone de retombées.
Puis par un énorme panier à provisions
Deuxièmement, vous devez avoir de l’eau – idéalement 3 litres par jour et par personne et une réserve pour au moins trois jours. En plus de le boire, vous pouvez en avoir besoin pour laver les retombées radioactives après avoir enlevé vos vêtements, car cela peut réduire considérablement votre exposition aux radiations.
Aussi : de la nourriture (non périssable de préférence) et quelques médicaments essentiels, en particulier une réserve des médicaments que vous prendriez déjà. Une trousse de premiers secours, un sifflet (pour signaler les secours), un masque à poussière pour aider à filtrer l’air pollué, des bâches en plastique et du ruban adhésif, des essuie-mains humides, des sacs poubelles et des serre-câbles. Un multi-outil avec des pinces et un ouvre-boîte pour la nourriture. Des cartes locales. Un sac de couchage ou une couverture chaude pour chaque personne. Des vêtements de rechange complets, y compris une chemise à manches longues, un pantalon long et des chaussures solides. De l’eau de javel domestique et un compte-gouttes pour médicaments : lorsque neuf volumes d’eau sont dilués pour un volume d’eau de javel, cette dernière peut être utilisée comme désinfectant. Allumettes dans un récipient étanche.
Bon, si vous êtes inquiet(e), prévoyez un gros caddie de supermarché.