Les troubles du Kazakhstan, provoqués par la hausse vertigineuse du prix de certains carburants, ont fait des dizaines de morts en quelques jours. Elle a aussi mis à l’arrêt 15% de l’activité mondiale de minage des cryptomonnaies et fait baisser le jeton à son taux le plus bas depuis septembre. Avec sans doute des conséquences durables sur l’industrie, mais celles-ci restent pour l’instant dans le champ des possibles.
La situation s’apaise doucement au Kazakhstan, selon les autorités de ce pays d’Asie centrale. Le président Kassym-Jomart Tokayev devrait s’adresser à la nation en fin de journée ce vendredi, après plusieurs jours d’affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre et le déploiement rapide d’une force d’intervention de l’OSTC, des soldats russes en particulier. Mais ces paroles rassurantes sont bien sûr à prendre au conditionnel.
Le pays, dont les villes semblent grises de la fumée des incendies et des lacrymogènes, reste soumis au régime d’État d’urgence, avec un couvre-feu et des restrictions d’accès à Internet et aux réseaux sociaux, le président ayant apparemment ordonné à l’opérateur national des télécommunications de couper le débit.
« Pas d’internet, donc pas de minage »
Or, cette situation a un impact aussi radical que fulgurant sur l’industrie du bitcoin : grand producteur d’énergie, de l’uranium au charbon, le Kazakhstan bénéficie d’une électricité en temps normal à très bas prix. Un facteur qui, conjugué à la répression dont ils ont fait l’objet en Chine et en Iran, a attiré de nombreux mineurs de cryptomonnaies dans le pays : celui-ci accueille environ 15% de l’activité mondiale de minage. Or, elle se retrouve entièrement à l’arrêt du jour au lendemain. « Pas d’internet, donc pas de minage » comme le résume sobrement un mineur kazakh contacté par CNBC. Les effets de cette crise sur la plus grande des cryptomonnaies ne se sont pas fait attendre: celle-ci est retombée sous les 43.000 dollars pour la première fois depuis septembre.
Le service Internet a été brièvement rétabli dans le pays, mais les données du groupe de surveillance NetBlocks Internet Observatory montrent que les niveaux de connectivité continuent de stagner à seulement 5 % des niveaux ordinaires dans tout le pays.
Un nouvel exode ?
Certains observateurs soulignent que l’industrie du bitcoin fait encore preuve d’une grande résilience après ce second soubresaut international qui la touche de plein fouet : le jeton a baissé certes, mais il ne s’est pas effondré. D’autres prédisent un second exode de mineurs vers les États-Unis, véritable terre d’accueil du secteur, qui a remplacé la Chine en tant que premier pays extracteur de monnaies virtuelles.
Mais il n’est pas certain que l’Amérique possède encore la place et l’énergie pour brancher de nouveaux mineurs sur sont réseau aussi aisément que l’année dernière, d’autant que l’enjeu du poids écologique et énergétique de l’exploitation des cryptomonnaies s’est fait bien plus pressant, surtout en occident, ce qui pourrait contrebalancer le désir des mineurs de s’expatrier vers des pays jugés politiquement plus stables.