Si Amazon prétend faire tout son possible pour faire disparaître les faux avis sur sa plateforme, elle ne veut surtout pas que d’autres entreprises s’en mêlent. Le géant de l’e-commerce a pris l’une d’elles en grippe. Elle l’a payé cash.
Fakespot est une application et une extension de navigateur web qui indiquent aux utilisateurs d’Amazon s’ils peuvent se fier ou non aux avis publiés sous les différents produits vendus sur la plateforme. Elle juge leur crédibilité en leur donnant une note de A à F et propose aux internautes des produits aux recommandations les plus fiables.
A priori, c’est du pain béni pour les clients d’Amazon. Mais ça ne plait pas à la firme. Ainsi, elle vient de convaincre Apple d’exclure Fakespot de son App Store.
Fakespot impuissant face à Amazon et Apple
Le 8 juin dernier, après le déploiement d’une mise à jour permettant à l’application de superposer son code source à celui de la plateforme d’e-commerce, Amazon a signalé Fakespot à Apple. D’après la société fondée par Jeff Bezos, il s’agit d’une manœuvre qui requiert une autorisation. Non seulement cet accord ne lui avait pas octroyé, mais cette pratique serait également dangereuse.
« L’application en question fournit aux clients des informations trompeuses sur nos vendeurs et leurs produits, nuit aux activités de nos vendeurs et crée des risques potentiels pour la sécurité », a argumenté un porte-parole d’Amazon. La firme a aussi affirmé que la technique de codage de Fakespot lui permettait de collecter et de suivre les informations des clients.
Alertée par Amazon, Apple aurait contacté Fakespot pour régler le différend. Mais les discussions n’ont pas abouti à un accord. Quelques semaines plus tard, la marque à la pomme a supprimé l’application de sa boutique. Motif: deux sous-sections des directives de l’App Store auraient été violées. L’une stipule que les applications doivent s’assurer qu’elles sont autorisées à utiliser, accéder, monétiser l’accès ou afficher le contenu d’un service tiers sans autorisation préalable, l’autre que les applications ne doivent pas inclure de fausses informations et fonctionnalités, rapporte la CNCBC.
« Aucune preuve »
Fakespot a bien évidemment déploré cette lourde sanction. Et a contesté les accusations. D’après son PDG, Saoud Khalifah, rien n’indique que la mise à jour de l’application présentait des risques de sécurité pour les utilisateurs.
De plus, s’il a admis que Fakespot collectait effectivement certaines données, M. Khalifah a assuré qu’il s’agissait d’une pratique courante – qu’Amazon utilise également, ce n’est évidemment pas un secret – et qu’elle ne les vendait de toute façon pas à des tiers.
« Nous ne volons pas les informations des utilisateurs, nous n’avons jamais fait cela. Ils n’ont montré aucune preuve et Apple a agi sur ce point avec aucune preuve », a-t-il réagi, cité par la CNBC.
Quant à la technique de codage incriminée, il a fait valoir que de nombreux autres sites web et applications y avaient recours. Il s’agit de « wrapping« .
Contrairement à ce qu’Apple a affirmé (« suffisamment de temps » aurait été laissé à l’appli pour se conformer à la réglementation de l’App Store), le patron de Fakespot a regretté ne pas avoir été mis au courant que son application allait être supprimée d’iOs et ne pas avoir eu la possibilité de solutionner le problème.
« Imaginez que vous allez voir un locataire et que vous lui dites que vous devez prendre toutes vos affaires, que vous devez partir tout de suite. C’est ce que je ressens en ce moment, pour être tout à fait honnête avec vous », a-t-il déploré.
Pour l’instant, Fakespot est toujours disponible sur le Google Play Store et rien n’indique qu’une procédure similaire est en cours pour l’en déloger.
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