Vexé par un poème possiblement anti-gouvernement, Pékin a convoqué Wang Xing. Le patron de Meituan, la troisième Big Tech chinoise, va désormais devoir se montrer beaucoup plus discret. A l’image d’un certain Jack Ma avant lui.
Le patron de la 3e Big Tech chinoise convoqué par Pékin: il va devoir se faire tout petit, comme Jack Ma
Pourquoi est-ce important ?
Depuis plusieurs mois, les autorités chinoises ont mis les bouchées doubles pour lutter contre le développement spectaculaire des plus grandes entreprises technologiques du pays. On peut distinguer deux outils utilisés par Pékin: les enquêtes anti-monopoles et les sanctions (financières, notamment) pour les Big Tech d'une part, les intimidations envers leurs patrons, d'autre part. Alibaba et Jack Ma ont été les premiers à en faire les frais. À présent, c'est au tour des autres.Les faits: Début mai, Wang Xing, le patron de Meituan – une application de livraison de repas ultra-populaire – a publié sur ses réseaux sociaux un poème faisant référence au premier empereur de Chine.
- D’emblée, ce poème millénaire a été perçu comme une critique de Wang Wing à l’égard du régime communiste actuel.
- Wang Xing a rapidement supprimé le poème, expliquant qu’il s’agissait en réalité d’un poème visant à dénoncer la myopie de son propre secteur.
- Dans le même temps, un influent groupe de défense des consommateurs de Shanghai a accusé Meituan de contenus trompeurs et de difficultés de remboursement sur son application mobile, aggravant de fait ses difficultés.
- Ces deux polémiques ont eu un effet dévastateur, déclenchant une chute de 26 milliards de dollars des actions de Meituan en deux jours.
Dans l’actualité: Wang Xing a été convoqué par les autorités chinoises.
- Un peu plus d’un mois après la publication du poème, Wang Xing a été convoqué par le gouvernement chinois pour s’expliquer sur ses intentions, relate Bloomberg.
- Suite à cette réunion, les autorités ont exigé de Wang Xing qu’il fasse désormais profil bas. Il doit s’éloigner des projecteurs, du moins temporairement.
- Avant cette convocation, Wang Xing s’était déjà éclipsé de la scène publique.
- Très actif sur le réseau social Fanfou – une sorte de Twitter qu’il a créé après Meituan – il a cessé de l’utiliser depuis la polémique du poème.
- En dehors des réseaux sociaux, Wang Xing ne s’est presque plus exprimé non plus. Il est seulement apparu brièvement lors d’une conférence sur les résultats trimestriels de Meituan en mai.
- Son entreprise phare, Meituan, a fait un don spectaculaire de 2,3 milliards de dollars à des œuvres caritatives. Wang Xing ne l’a même pas annoncé personnellement: cela a simplement été révélé par une déclaration de l’entreprise à la Bourse de Hong Kong.
La vue d’ensemble: Pékin resserre l’étau sur la Big Tech chinoise
- Si Wang Xing a été vivement sermonné, Meituan n’est pas en reste.
- Depuis avril, l’entreprise est ciblée dans une enquête visant à déterminer si elle a violé les lois anti-monopoles par des pratiques telles que des accords d’exclusivité forcée.
- Les dirigeants de Meituan ont indiqué collaborer avec les enquêteurs et, surtout, ont promis qu’ils conformeront leur entreprise aux nouvelles directives de Pékin.
- Selon les analystes, Meituan risque une amende de plusieurs centaines de millions de dollars.
- Les autres grandes entreprises technologiques chinoises (Tencent, Didi Chuxing ou encore Baidu) sont elles aussi dans le viseur de Pékin. Elles ont d’ailleurs déjà été sanctionnées financièrement, et ce n’est peut-être pas fini.
- Les autorités chinoises craignent que le succès de ces entreprises et de leurs patrons – milliardaires – n’empiète sur leur contrôle de la société et n’entraîne possiblement des troubles sociaux.
- Pékin a déjà marqué un grand coup en s’en prenant au numéro 1 du pays, Alibaba.
- L’entrée en Bourse d’Ant Group, filiale du géant de l’e-commerce, a été suspendue début novembre.
- En avril dernier, Alibaba s’est vu infliger une amende colossale – et historique – de 18,2 milliards de yuans (2,3 milliards d’euros) pour abus de position dominante.
- Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, avait, comme Wang Xing mais avec plus de franchise, également critiqué le gouvernement chinois. Depuis, il a lui aussi disparu des radars.
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