Les dirigeants européens ont demandé aux compagnies aériennes d’éviter la Biélorussie. Une procédure officielle est en cours pour interdire définitivement l’espace aérien biélorusse aux compagnies aériennes européennes.
Les 27 dirigeants nationaux du bloc européen demandent la libération immédiate du dissident Roman Protasevich. Ce lundi, la Biélorussie a forcé un avion Ryanair à destination de Vilnius, en Lituanie, à atterrir à Minsk pour que l’opposant au régime soit arrêté. La question est de savoir s’il y aura effectivement des sanctions européennes dures et unanimes. Mais cela dépend principalement du dirigeant hongrois Viktor Orban, qui n’aime pas parler négativement de Loukachenko et de Moscou.
Que savait la Russie?
La question est, bien entendu, de savoir dans quelle mesure la Russie est mêlée à l’incident. Bien que cela ne soit pas encore clair, il semble très peu probable que le dictateur biélorusse Loukachenko – qui se bat pour se maintenir au pouvoir après avoir falsifié les élections de l’année dernière – ait organisé cela sans la bénédiction de Moscou.
Il faut espérer aujourd’hui que l’UE imposera une telle punition à Minsk et que la Biélorussie n’osera plus répéter cette action ni qu’aucun autre pays autocratique ne se sente assez en sécurité pour se lancer sur une telle voie. Mais il faut également éviter qu’une telle sanction ne pousse un peu plus la Biélorussie dans les bras de la Russie, alors que le pays se sent de plus en plus isolé en Occident.
Poutine le sait également et c’est une évidence qu’il exploite de manière magistrale autant qu’il le peut. Et cette présence entrave également l’imposition efficace de sanction. À ce petit jeu, la Russie a déjà gagné à plusieurs reprises ces dernières années.
‘Répression transnationale’
Ce que l’Union européenne va décider sera surveillé par une série de pays désireux de poursuivre également leurs ennemis à l’étranger. On peut penser à la Chine, l’Iran, la Russie, l’Arabie saoudite, la Corée du Nord, mais aussi la Turquie. Un phénomène appelé ‘répression transnationale’ par le groupe de réflexion prodémocratique américain Freedom House.
Et les États-Unis alors ?
Le Kremlin a réagi à cette affaire comme à son habitude et se dit scandalisé par la réaction de l’Occident. ‘Ont-ils également été choqués lorsqu’ils ont fait atterrir l’avion du président bolivien Evo Morales en Autriche en 2013 à la demande des États-Unis?’ Les États-Unis ont alors soupçonné qu’Edward Snowden était dans l’avion de Morales, mais cela s’est révélé faux.
Les États-Unis – une démocratie où la liberté d’expression est respectée jusqu’à nouvel ordre – se dirigent vers une situation difficile en encourageant l’idée que des pays puissants peuvent dépasser leurs frontières pour arrêter ceux qui s’opposent à l’intérêt national. Car lorsque les autocrates et les dictateurs commencent à faire de même, le spectre d’un monde beaucoup plus dangereux surgit.
Néanmoins, les chances que Loukachenko finisse par gagner sa bataille sont assez conséquentes : Protasevich est en prison et risque la peine de mort alors que l’UE ne s’est jamais montrée comme un poids lourd dans la politique internationale. Le gouvernement Biden préférait également se rapprocher de la Russie plutôt que de se lancer dans une confrontation avec Poutine par l’intermédiaire de la Biélorussie. Ce qui signifie que le énième acte criminel d’un président illégitime et psychopathe – une action qui va à l’encontre de toutes les règles du droit international – menace de plus en plus de ne devenir qu’une note de bas de page dans l’Histoire.
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