Il y a un an, la Chine instaurait un lockdown complet sur Wuhan, puis sur toute la province de Hubei et enfin sur d’autres grandes villes du pays. Désireux d’honorer le personnel soignant et la population – et, soit dit en passant, la politique du Parti communiste – trente cinéastes chinois ont réalisé un film sur Wuhan.
Voyant que Wuhan était assaillie par le Covid-19, les autorités chinoises décidaient de la placer en quarantaine le 22 janvier 2020. Au même titre que Huanggang et Ezhou. Quelques jours plus tard, c’était (presque) toute la province de Hubei qui était elle aussi confinée, enfermant 56 millions d’habitants entre leurs quatre murs.
À Wuhan, ce lockdown strict se sera achevé le 8 avril. Et il aura permis d’endiguer totalement la pandémie de coronavirus. C’est en tout cas ce dont se félicite le Parti communiste. Depuis le printemps, la Chine n’enregistre plus que de très faibles résurgences du virus, rapidement matées par des confinements locaux.
Cette semaine, à l’occasion du premier anniversaire du lockdown, le film Days and Nights in Wuhan a été proposé aux Chinois. Ironie du sort: alors que les salles obscures sont toujours fermées dans bon nombre de pays occidentaux, c’est au cinéma que les locaux ont pu en profiter.
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Le personnel soignant et le Parti communiste félicités
Pour réaliser ce film, trente cinéastes chinois ont été sélectionnés par le Parti communiste. Les autorités ayant soutenu le projet, Days and Nights in Wuhan propose fort logiquement une vision de la pandémie en accord avec la ligne de conduite du parti.
D’une part, le film célèbre le personnel soignant de Wuhan, qui s’est donné corps et âme pour sauver sa population. Les habitants, confinés pendant plus de deux mois à leur domicile, sont également honorés. D’autre part, ce lockdown, bien que difficile à endurer, est montré comme une grande réussite du Parti communiste chinois. Ce qui, d’après les chiffres officiels, s’avère exact.
Rappelons toutefois que l’OMS a envoyé la semaine dernière une équipe d’experts en Chine afin de faire toute la lumière sur le début de la crise. Si le confinement de la province de Hubei a effectivement été considéré comme salvateur, des critiques de l’étranger accusent la Chine d’avoir traîné avant d’agir et de prévenir la communauté internationale. Un laxisme qui aurait été fatal au monde entier.
‘Encore douloureux’
Bien que la Chine semble avoir passé la plus dure étape de la pandémie depuis de nombreux mois, le souvenir du lockdown est toujours vif au sein de la population. Et le film peut raviver certains sentiments négatifs chez les spectateurs.
‘C’est difficile à décrire. Cela fait un an, et en y repensant maintenant, c’est encore douloureux’, a déclaré à AP Wang Yu, 31 ans, dont des proches de son mari décédé lors de l’épidémie figuraient dans le film. ‘Il y a le virus muté, il y a la peur. C’est la deuxième fête du Nouvel An lunaire que nous devons passer comme ça. Les choses vont un peu mieux que l’année dernière mais je suis inquiète, ce n’est pas complètement fini. On est toujours sous l’effet du virus, de la peur et de la terreur’.
D’abord diffusé à Wuhan, le documentaire sera bientôt projeté dans les cinémas d’autres villes du pays. Pour l’heure, on ne sait pas encore si la Chine compte proposer son documentaire à l’étranger.
Notons que le militant chinois réfugié au Royaume-Uni Ai Weiwei a lui aussi réalisé un film sur le coronavirus. Son œuvre se veut bien plus critique envers la gestion de la crise mise en place par les autorités chinoises. Baptisé Coronation, le documentaire a été interdit de diffusion en Chine. Il peut être visionné sur diverses plateformes de vidéo à la demande, dont Vimeo.