La campagne ultra-rapide d’Israël nous en apprend davantage sur le vaccin que les essais cliniques de Pfizer

Les premières données de la campagne de vaccination israélienne montrent que le vaccin Pfizer contre le Covid-19 réduit les infections d’environ 50% deux semaines après l’administration de la première des deux injections.

C’est ce qu’a déclaré mardi un haut responsable du ministère israélien de la Santé. Les conclusions sont basées sur les résultats de tests de dépistage du coronavirus effectués à la fois sur des Israéliens qui ont déjà reçu le vaccin et sur des personnes qui n’ont pas encore été vaccinées.

Peut-on encore transmettre le virus une fois vacciné ? Il s’agit de l’autre grand point d’interrogation sur le déploiement des vaccins dans le monde. À première vue, ces premiers résultats semblent indiquer que oui, mais les experts médicaux estiment qu’aucune conclusion de cet ordre ne peut encore être tirée.

Tout d’abord, parce qu’il s’agit de résultats préliminaires. Ensuite, rappelons que les scientifiques supposent que les personnes dont le test est négatif peuvent toujours transmettre le virus, si celui-ci se trouve dans les fosses nasales d’une personne. Cette dernière peut infecter d’autres personnes sans avoir intériorisé le virus. C’est pourquoi le Dr Sharon Alroy-Preis, haute responsable du ministère israélien de la Santé, estime que nous ne pouvons pas supposer pour le moment que le vaccin empêchera la transmission du virus (ou le contraire), dit-elle dans le Times of Israel.

Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué

Le Dr Alroy-Preis souligne que 17% des patients atteints de Covid-19 se trouvant actuellement en soins intensifs ont pourtant reçu une première injection du vaccin. En principe, le vaccin Pfizer n’offre une protection complète qu’à partir d’une semaine après l’administration de la deuxième dose. Ceux qui ont déjà reçu la première dose doivent donc continuer à suivre les mesures de lutte contre le coronavirus. La statistique amenée par la médecin le démontre une nouvelle fois.

Le journal israélien a quant à lui publié diverses données de recherche plutôt encourageantes. D’après une étude basée sur les données de la campagne de vaccination israélienne, le vaccin repousse de 33% les chances d’être infecté dans les 14 jours qui suivent l’injection de la première dose. Selon d’autres données, le nombre d’infections diminue déjà de 60% après 14 jours.

Les deux études se sont chacune penchées sur les données d’environ 400.000 patients, soit un total de 800.000 personnes. La cause de la divergence entre leurs conclusions reste encore assez floue.

Deal avec Pfizer

Pfizer a testé son vaccin sur ‘seulement’ 40.000 personnes au cours de la phase 3 de ses essais cliniques. Celle-ci implique des tests à grande échelle sur des humains pour analyser en profondeur les risques et l’efficacité du vaccin.

Israël a déjà vacciné plus de 20% de ses 9 millions d’habitants en trois semaines. Sa campagne ultra-rapide fournit désormais de très bonnes données pratiques sur le fonctionnement du vaccin. Celles-ci sont partagées avec Pfizer, ce qui permet de limiter le caractère limité de l’étude de phase 3 de la firme américaine.

Comme l’indique Politico, ce partage des données fait partie de l’accord passé entre Pfizer et l’Etat hébreux. Israël fournit à la société pharmaceutique (et à l’OMS) des détails sur l’âge, le sexe et les antécédents médicaux des personnes ayant reçu le vaccin, ainsi que sur ses effets secondaires et son efficacité. Les données sont anonymisées afin de protéger la vie privée des patients.

Ce deal est l’une des raisons pour lesquelles Israël a pu se procurer un si grand nombre de doses en si peu de temps. Explication supplémentaire: Israël a mis la main au portefeuille. Selon certains rapports, les Israéliens auraient payé plus de deux fois plus cher pour le vaccin Pfizer que les États-Unis ou l’Union européenne.

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