Depuis plusieurs semaines, la Suède connaît une très forte résurgence des cas de coronavirus. À présent, la situation est dramatique: les hôpitaux saturent.
Alors que la Suède n’a, pendant de longs mois, pris aucune mesure contraignante en vue de lutter contre la pandémie de coronavirus, les autorités ont été contraintes de changer leur fusil d’épaule face à la virulence de la deuxième vague. À la mi-novembre, les bars et restaurants ont dû commencer à fermer leurs portes après 22h. Peu après, ce fut au tour des cinémas et lieux de divertissement. Les réunions non essentielles et rassemblements de plus de 8 personnes ont, eux aussi, été interdits. Depuis ce lundi, les élèves de plus de 16 ans doivent suivre leurs cours en ligne.
Mais il semble que ces mesures aient été prises trop tard. Les hôpitaux suédois, et ceux de Stockholm en particulier, sont surchargés. Les unités de soins intensifs saturent.
Appel à l’aide
Mercredi, les hôpitaux de la capitale lançaient un appel au gouvernement. ‘Nous avons besoin d’aide’, alertait Bjorn Eriksson, chef de l’autorité sanitaire de Stockholm. Il demandait qu’on envoie en urgence des infirmières spécialisées et du personnel soignant dans la capitale.
Ce vendredi, le journal suédois Aftonbladet indique que 99% des unités de soins intensifs des hôpitaux de Stockhlolm sont occupées. Les infrastructures hospitalières des deux autres grandes villes du pays, Göteborg et Malmö, sont elles aussi au bord du gouffre. Sur la totalité de son territoire, la Suède compte 700 lits de soins intensifs. Dans certaines régions du pays, la situation est (un peu) meilleure, mais ça ne durera plus très longtemps.
Comme le pointe le virologue belge Emmanuel André, il semblerait que les hôpitaux doivent maintenant faire un tri parmi les patients qu’ils admettent, laissant les plus âgés sur la touche. Les admissions des 80-90 ans ont largement chuté lors des deux dernières semaines.
Plan d’urgence
La presse suédoise annonce qu’un plan d’urgence va être déployé dans les prochaines heures par les autorités. Parmi les pistes de solution, il y a l’appel à l’aide aux pays voisins. La Suède discute notamment avec la Finlande, où la situation sanitaire est bien moins alarmante. La ministre de l’Intérieur finlandaise Maria Ohisalo a d’ores et déjà annoncé que les Suédois pourraient compter sur le soutien de leurs voisins.
Sten Rubertsson, médecin membre du Conseil national de santé et du bien-être suédois, a précisé dans le Dagens Medicin que ce sont moins les équipements que les forces humaines qui viennent à manquer. Pour étendre les capacités des soins intensifs, le gouvernement envisage donc de rappeler dans les hôpitaux le personnel en congé. De plus, des soignants qui ne travaillent normalement pas dans les soins intensifs vont y être déplacés.
Autre recours envisagé: l’annulation des interventions chirurgicales non-urgentes. Ce qui permettra de dégager des locaux et du personnel supplémentaires pour y installer de nouvelles unités de soins intensifs.
Sur les 14 derniers jours, le taux d’incidence de la Suède (en moyenne 734 cas par 100.000 habitants) est un des plus hauts d’Europe. Depuis le début de la crise sanitaire, le pays a comptabilisé 7.514 décès liés au Covid-19. Ce qui est nettement supérieur aux chiffres de ses voisins scandinaves (918 au Danemark, 382 en Norvège, 442 en Finlande), dont la population n’est pourtant que deux fois moins importante.