Lorsque Joe Biden prêtera serment en tant que 46e président des États-Unis le 20 janvier 2021, il devra rapidement mettre les mains dans le cambouis, dans de nombreux domaines. L’aversion de son prédécesseur pour les traités internationaux a complétement fragilisé le dernier traité nucléaire bilatéral entre les États-Unis et la Russie. Une nouvelle course aux armements nucléaires semble presque inévitable.
Le traité New START expire le 5 février 2021. Il stipule que l’arsenal nucléaire de la Russie et des États-Unis ne peut pas dépasser 1.550 ogives à longue portée et 700 lanceurs à longue portée, principalement des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM).
La Russie elle-même demande une prolongation du traité actuel pour les cinq prochaines années, sans conditions supplémentaires. Mais le gouvernement Trump s’est toujours abstenu d’accepter la demande de Moscou. Trump souhaite que le traité implique des conditions plus strictes. Il devrait également couvrir les armes nucléaires ‘plus légères’ et les nouvelles technologies permettant d’amener ces ogives nucléaires à destination.
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Planeurs hypersoniques
Les Russes expérimentent des ‘véhicules volants hypersoniques’. Ce sont des véhicules qui sont amenés par une fusée au bord de l’atmosphère. De là, ils ‘flottent’ jusqu’à leur destination. En théorie, ces appareils peuvent atteindre une vitesse de Mach 20 (20 fois la vitesse du son). Ce qui les rend extrêmement difficiles à intercepter. Attention, Trump n’est pas plus saint que le Pape: le Pentagone expérimente lui aussi cette nouvelle technologie.
Trump a rendu l’avenir du traité New START complètement impossible en exigeant qu’il s’applique également à la Chine. Une donnée sur laquelle la Russie n’a que peu ou pas de contrôle. Non pas que la Chine constitue un problème immédiat. L’arsenal nucléaire de la Chine est estimé à 300 à 350 ogives nucléaires. C’est bien en-dessous des limites du traité, mais il y a peu de chances que les Chinois consentent à la supervision qu’un tel traité implique.
‘New START a ses défauts, mais il nous permet au moins de savoir combien d’armes nucléaires la Russie possède’
Jon Wolfsthal, ancien conseiller d’Obama en matière de sécurité nucléaire
Toutefois, les observateurs s’attendent à ce que Biden réussisse à ‘sauver’ New START dans les 16 jours qu’il aura à sa disposition. C’est du moins l’opinion émise par Jon Wolfsthal dans un entretien avec Bloomberg Businessweek. Wolfsthal a travaillé pour le Conseil national de sécurité sous le président Barack Obama de 2014 à 2017 en tant que responsable de la non-prolifération des armes nucléaires. Il a conseillé le vice-président Biden de 2009 à 2012 dans le domaine de la sécurité nucléaire.
‘Il n’y a jamais de point final [aux discussions]’, estime Wolfsthal. ‘Les conséquences d’un échec seraient si énormes, l’utilisation de ces armes si traumatisante, que les acteurs continueront toujours d’y travailler.’ Wolfsthal reconnaît que New START ‘contient des erreurs’, mais qu’il ‘nous permet au moins de savoir combien d’armes nucléaires la Russie possède’.