Fin septembre, un désastre environnemental s’était abattu sur les côtes de la péninsule de Kamtchatka, dans l’extrême Est de la Russie. Les autorités russes ont livré les premières conclusions de leur enquête: aucune activité humaine n’est liée à la catastrophe.
Entre fin septembre et début octobre, une mystérieuse pollution avait ravagé les eaux de la péninsule de Kamtchatka. Des scientifiques avaient estimé que 95% des créatures des fonds marins y avaient perdu la vie. Les côtes locales, habituellement prisées par les surfeurs, avaient fini par être jonchées de cadavres d’animaux.
Les habitants de la région avaient également rapporté que l’eau avait changé de couleur et qu’elle dégageait une odeur particulière. Certains, qui s’y étaient baignés avant de constater ces changements, avaient rapporté avoir subi des brûlures chimiques.
Après avoir dans un premier temps minimisé l’ampleur de la catastrophe, les autorités russes avaient décidé d’investiguer. Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie, avait affirmé avoir ouvert une enquête pour ‘violation des règles de gestion des substances et des déchets dangereux pour l’environnement’ et pour ‘pollution marine’. On suspectait une pollution au phénol, un des composants du pétrole, possiblement liée à une décharge de pesticides à l’abandon située près de la zone touchée.
Des algues toxiques
Deux semaines après avoir ouvert leur enquête, les autorités russes ont livré leurs premières conclusions. Elles rejettent toute origine humaine à ce désastre environnemental. Il n’y aurait aucune trace d’une quelconque marée noire dans la région. Le phénol prélevé dans les eaux serait présent dans la région depuis les années 1970. Sa faible quantité n’expliquerait pas l’ampleur de la catastrophe.
‘Aucun métal lourd n’a été trouvé dans les échantillons prélevés dans l’eau, dans le sol ou sur les créatures marines. Tout cela confirme la version de la pollution naturelle, qui a notamment résulté d’une prolifération de phytoplancton’, a déclaré Svetlana Petrenko, porte-parole du Comité d’enquête.
‘C’est la toxicité produite par certaines algues pendant un certain laps de temps’ qui a provoqué la mort de milliers d’animaux, a précisé le ministre de l’Environnement Dmitry Kobylkin.
Greenpeace tance tout de même la Russie
Si les autorités russes sont convaincues que la catastrophe est liée à ces algues, elles ne peuvent en revanche pas expliquer pourquoi leur toxicité a soudainement augmenté.
De plus, elles indiquent vouloir connaître l’origine de la soudaine chute du taux d’oxygène présent dans les eaux. Un phénomène qui aurait lui aussi pu mener à la mort des créatures des fonds marins.
De son côté, Greenpeace avait demandé que l’enquête des autorités locales soit ‘transparente et indépendante’. En parallèle, elle avait décidé il y a plusieurs semaines d’envoyer une équipe sur place composée de ses propres scientifiques. Ceux-ci investiguent toujours.
L’ONG environnementale a réagi aux premières conclusions de l’enquête. Elle estime que, même si la thèse de la ‘pollution naturelle’ est avérée, la Russie doit de toute façon fournir d’importants efforts afin de protéger ses immenses régions naturelles sauvages. Greenpeace estime que des décharges contenant des substances potentiellement dangereuses ne devraient pas se trouver dans une telle région.