Semaine de la vérité pour l’UE: Charles Michel fait le forcing pour obtenir un accord, Angela Merkel devrait également se lancer dans la danse.
- L’Allemagne va assurer la présidence tournante de l’UE durant les six prochains mois, selon le principe de rotation. La présence d’Angela Merkel va inévitablement faire de l’ombre au président du Conseil européen, Charles Michel (MR). Après tout, l’Allemagne est le plus grand pays d’Europe, et la chancelière allemande veut absolument qu’un accord soit conclu afin de préparer un vaste plan de sauvetage européen.
- Dans son discours au Parlement européen, la semaine dernière, Merkel a fait preuve de détermination. Elle veut absolument un accord, et fera elle-même beaucoup d’efforts pour y parvenir.
Plan de relance économique: Angela Merkel se dit ‘optimiste’
- Cette semaine, et pour la première fois depuis des mois, les dirigeants européens se réunissent physiquement à Bruxelles. La Commission européenne propose un énorme plan de sauvetage à 750 milliards d’euros pour faire face à la crise économique post-coronavirus, ainsi qu’une enveloppe de 1.070 milliards d’euros pour le budget pluriannuel de l’UE.
- Un tel accord devra être négocié entre les États membres, et plus particulièrement avec les pays du Nord: les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, mais aussi la Finlande et l’Autriche ne sont pas très enthousiastes. Ils veulent des conditions plus strictes pour les prêts et les subventions, ainsi qu’un budget moins important.
- Charles Michel, qui dirige en principe le sommet, bien qu’Angela Merkel soit désormais plus présente que jamais, est prêt à lâcher du lest sur le deuxième point: il est d’accord de réduire considérablement le budget pluriannuel.
- Mais plusieurs pays pensent également que 750 milliards d’euros de mesures corona, c’est tout simplement trop. Cet argent serait emprunté de concert par l’ensemble des États membre de l’UE: les fameuses ‘euro-obligations’, tant combattues par les pays du Nord, seraient alors une réalité.
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- La Finlande, et sa Première ministre socialiste Sanna Marin, a déjà annoncé que son gouvernement souhaitait un montant plus bas, avec plus de prêts et moins de subventions. Et il est certain que les Pays-Bas, qui sont à la tête du groupe des ‘frugaux’, feront obstruction. Mais dans le même temps, des pays comme l’Italie et l’Espagne adoptent une position ferme: sans solidarité, il n’y a pas d’Union européenne, estiment-ils.
- Charles Michel a proposé une ‘réduction’ du budget de l’UE afin de séduire les pays du Nord, et l’Allemagne, une sorte de système de ‘cashback’. Toute la question est de savoir si ces aménagements seront acceptés.
- Entre-temps, de sévères critiques se sont abattues sur Charles Michel. Le journal néerlandais NRC, à la pointe sur les questions touchant à l’Union européenne, lui a taillé un costard: ‘Berlin s’appuie soudain sur la Commission et voit en Charles Michel un faible qui n’est pas à la hauteur de la tâche. (…) Son premier sommet, sur le budget pluriannuel européen en février, a été un fiasco. Beaucoup disent que la préparation de Michel était insuffisante. Toute la nuit, il a reçu les chefs d’État et de gouvernement, en tête-à-tête. Cela a provoqué une certaine irritation. Il crache sans cesse sa bile sur les pays du Nord. Inutile si vous souhaitez parvenir à des compromis.’
Le sommet européen sur le budget se solde par un échec: ‘Nous avons besoin de plus de temps’