Le Qatar et Singapour sont les deux seuls pays riches qui ont réussi à maintenir un taux de mortalité en dessous de 0,1%. Ils n’ont pourtant pas été épargnés puisqu’ils ont dénombré plus de 15.000 cas positifs dans leur pays.
La performance de Singapour est particulièrement remarquable. Cette cité-État a confirmé plus de 19.000 cas. Il s’agit d’un des pays les plus durement touchés en Asie. Et pourtant, à l’heure actuelle, seuls 18 morts y ont été déclarés. Le pays a donc un taux de mortalité de 0,09%. Au Qatar, un peu plus de 17.000 cas ont été confirmés et seulement 12 morts annoncés. Le taux est donc 0,07%.
En ramenant ces nombres à la population, cela signifie que dans ces deux pays, il y a moins de 0,5 décès par 100.000 habitants. En comparaison, en Belgique, il y en a presque 70. C’est le ratio décès par habitant le plus élevé au monde. Son taux de mortalité tourne autour des 15,8%. Si nous avons été félicités dans la presse international pour notre décompte minutieux de nos morts, le nombre de décès reste très élevé.
Les facteurs réduisant le taux de mortalité
Selon les experts, il faut deux choses pour conserver un faible taux de mortalité: une démographie favorable et une capacité hospitalière suffisante pour accueillir les malades.
Le système de soin de santé
Singapour et le Qatar sont deux pays extrêmement riches. Ils disposent de lits d’hôpitaux en suffisance et d’une importante capacité de tests. Le Vietnam, qui a su maintenir l’épidémie jusqu’ici et qui ne compte aucun mort, possède un système de soin de santé beaucoup moins performant. Si la maladie reprend de plus belle dans le pays, il sera très vite saturé.
Après Singapour et le Qatar, les pays riches avec le plus faible taux de mortalité sont l’Arabie Saoudite (0,67%) et les Emirats Arabe Unis (0,96%). Il faut cependant noter que les chiffres sont annoncés par les autorités et pas par un organisme indépendant.
La démographie
Une population jeune est aussi un facteur qui offre de bonnes chances de survivre à la maladie. On peut le voir en Belgique: très peu de personnes de moins de 50 ans sont décédées. L’Italie et L’Espagne ont une population très âgée, ce qui a très vite surchargé les hôpitaux et plus précisément les unités de soins intensifs où le nombre de respirateurs était insuffisant.
À Singapour, la population n’est pas spécialement jeune. Mais la plupart des infections ont été diagnostiquées chez de jeunes travailleurs étrangers. Ils ont été testés avant même de pouvoir rentrer dans le pays. Il en va de même pour le Moyen-Orient. Le Qatar et les Émirats arabes unis comptent un nombre impressionnant de jeunes expatriés. Ils sont examinés à leur entrée dans le pays. Et ils doivent repartir dès que leur contrat de travail est terminé.
Les tests
La capacité de tests joue aussi un rôle pour l’évaluation du taux de mortalité. Plus la population est testée et plus les cas de coronavirus sont détectés, même lorsque les personnes n’ont pas de symptômes. En Belgique, seules les personnes avec d’importants symptômes étaient testées au début de l’épidémie. Ces malades avaient plus de chances de décéder que des personnes infectées sans aucun symptôme. Parler en nombre de morts par habitant offre une comparaison plus juste entre les pays qui n’ont pas tous la même taille de population ni la même capacité de testing, même si ce critère est aussi imparfait.
Le décompte des morts
Chaque pays a sa propre manière de recenser les décès liés au coronavirus. Rien qu’en Europe, les méthodes varient tellement qu’il devient difficile de faire des comparaisons entre les pays.
Si la Belgique dénombre autant de décès, c’est parce que le pays a décidé de prendre en compte tous les décès suspects, même ceux qui n’avaient pas été testés. Ainsi, dans les maison de repos, 82% des décès assimilés au covid-19 n’ont pas été testés. Ce n’est pas le cas de la France, de l’Italie ou de l’Espagne, par exemple.
En réalité, seule une estimation de la surmortalité permettrait de vérifier si tous les décès dus au covid-19 ont été pris en compte. En Belgique, selon les chiffres d’EuroMOMO, un réseau international d’épidémiologistes, le décompte ne semble être proche de la réalité. Il est par contre plus sous-estimé dans les autres pays, d’où notre première place au classement mondial. Mais ce n’est bien sûr pas le seul critère explicatif (densité de population, carrefour géographique, gestion de la crise…).