Beaucoup a été dit et écrit ces dernières semaines sur la façon de compter le nombre de morts. Tant que le comptage ne se fait pas de manière uniforme entre les pays, les chiffres en disent peu. Certains pays ne comptent que les décès dans les hôpitaux. D’autres prennent en compte les personnes décédées à domicile ou encore dans les maisons de repos. Cependant, en raison du manque de tests, de nombreux décès dus au covid-19 sont ignorés. Sans oublier les personnes décédées pour d’autres causes, mais qui n’ont pas été traitées, conséquence indirecte de la saturation des hôpitaux.
EuroMOMO, un réseau international d’épidémiologistes, collecte des statistiques hebdomadaires de décès dans 24 pays européens. Sur cette base, The Economist tente de cartographier l’ampleur réelle de la mortalité liée au covid-19. Pourvu de ce qu’on appelle des «décès excédentaires». C’est la différence entre le nombre total de personnes décédées aujourd’hui et la moyenne historique pour un même endroit et à la même période de l’année. En d’autres termes, la surmortalité.
Lombardie
Un premier exemple mentionné est la Lombardie, l’épicentre de l’épidémie italienne. Entre le 1er mars et le 4 avril, 6.100 décès liés au covid-19 y ont été enregistrés. Mais au cours de la même période, 12.800 personnes de plus sont décédées que prévu sur base des données historiques. Cela pourrait montrer que les chiffres officiels n’ont enregistré que 48 % du total. Une constatation approuvée par le maire de Bergame. Selon lui, les chiffres officiels ne sont guère plus que le sommet de l’iceberg … trop de victimes n’ont pas été incluses, car elles ne sont pas arrivées à l’hôpital.
La Belgique
Notre pays fait beaucoup mieux dans cette méthode de comptage. Nous sommes même au sommet du classement du plus grand nombre de décès par habitant dans le monde. Entre le 1er mars et le 4 avril, la Belgique a recensé plus de 4.500 décès dus à covid-19. La surmortalité au cours de la même période a été de 4.900 décès. Ce qui indique que notre pays a enregistré 93% des décès liés covid-19.
L’institut du SPF Santé publique relaie d’ailleurs depuis plusieurs semaines les données liées à la surmortalité dans son rapport quotidien, seul indicateur qui mettent les chiffres en perspective.
Dans la plupart des pays européens, le nombre de décès est de 20 à 30% plus élevé qu’il y a un an. À Paris, deux fois plus de morts que d’habitude, à New York, quatre fois plus.
Selon des universitaires de l’Université de Cambridge, la surmortalité se révélera finalement être le meilleur paramètre pour connaître le nombre réel de décès dus au coronavirus. Plutôt que ce qui est écrit sur les certificats de décès. Cette méthode de calcul est d’ailleurs utilisée à l’Université de Cambridge pour compter le nombre de personnes qui meurent de la grippe chaque année.
Selon le baromètre worldmeters qui se base sur les chiffres officiels, le monde compte à ce jour plus de 218.000 décès liés au covid-19.