‘Plus de 475 morts en Italie aujourd’hui, les mesures de confinement ne marchent pas.’ On voit fleurir sur les réseaux sociaux ce genre d’affirmations. Il vaut mieux regarder le chiffres des contaminations par rapport aux nombres de tests. Le respect des règles est aussi déterminant.
Le dernier bilan en Italie est lourd. Près de 500 morts, ont rapporté les autorités, soit le bilan le plus mortifère en 24 heures. Le total de décès est désormais porté à 2.978, soit un nombre très proche de la Chine (plus de 3.200 morts).
Les services sanitaires italiens ont enregistré 4.207 nouveaux cas dans les dernières 24 heures, un chiffre là encore jamais atteint auparavant.
Tout ceci n’est pas très optimiste, mais peut-on en déduire que les mesures de confinement ne fonctionnent pas ? Non.
Le nombre actuel de patients morts n’est pas assez pertinent à lui seul. Les experts nous disent qu’il faut tenir compte d’un ‘effet retard’. Car si on additionne le temps d’incubation et le temps de progression de la maladie chez un sujet, les patients décédés d’aujourd’hui peuvent avoir été contaminés il y a plusieurs semaines, soit avant les mesures strictes de confinement.
En Italie, les experts estiment que le pic n’est pas encore atteint. Dans le même temps, la proportion du nombre de cas contaminés / tests effectués est en diminution : 19% samedi, 17% dimanche et 13% lundi. En Lombardie, où la population avait été mise en quarantaine avant les autres, les chiffres ont même baissé jusque 10% ce lundi. Cela a été annoncé par Attilio Fontana, président de la Lombardie, sur la chaîne d’infos de Sky TG 24. Des données confirmées par Le Monde.
Non-respect des règles
Le nombre de cas de ce mercredi est par contre plus problématique. Mais il peut s’expliquer pour plusieurs raisons. D’abord, le nombre de tests n’a pas encore été indiqué par les autorités, il faut donc se montrer prudent et attendre le calcul du ratio. Ensuite, les mesures de confinement ne sont pas tout à fait respectées en Italie. Une analyse des déplacements montre que 40% des gens continuent à se déplacer. Beaucoup ne respectent pas non plus assez le social distancing. Alors que certains experts affirment maintenant que cette distance de sécurité doit être prise très au sérieux et pourrait continuer à être appliquée pendant un an.
Il y a aussi le phénomène d’exode. En annonçant des mesures de confinement, beaucoup décident de sortir des grandes villes, cherchant naturellement un petit peu d’air. C’est très contre-productif, car la maladie se répand alors partout. C’est aussi bien valable à New York, l’une des premières grandes villes américaines à avoir pratiqué le lockdown, qu’à Paris, où de nombreux Parisiens ont pris le premier train ou TGV pour se rendre en province.
Les chiffres positifs de Hubei
Il est également trop tôt pour remarquer une amélioration flagrante en Italie. Mais en Chine, là où le confinement est pratiqué drastiquement et depuis longtemps, les chiffres sont nettement plus parlants.
Au Hubei, la province d’où est partie l’épidémie, les autorités chinoises affirment que pour la première fois, aucun cas n’a été recensé.
Il reste bien sûr des nouveaux cas dans le reste de la Chine, mais ceux-ci sont des cas importés, et non locaux. Par ailleurs, la province de Hubei n’a répertorié ‘que’ huit nouveaux décès dans les 24 dernières heures. Il faut enfin noter plus positivement le nombre de guérisons: sur les 81.000 cas contaminés connus en Chine, il ne reste que 7.263 personnes malades.
À Wuhan, ville de l’épicentre, le combat contre l’épidémie est en passe d’être gagné. Beaucoup de points positifs donc, qui s’ajoutent aux multiples avancées sur la découverte d’un vaccin.
En tout cas, le nombre de décès en Chine, proche de l’Italie, tend à montrer que des mesures de confinement strictes auraient dû être prises plus tôt, et de manière plus importante.