Japon: les rencontres en ligne pour relancer les naissances en chute libre

Alors que le nombre de naissances dans l’archipel a encore reculé de 5,9 % l’an dernier, le Japon pourra peut-être compter sur l’explosion des applications de rencontre pour assurer sa pérennité.

Les Japonais ne font plus de bébés, et c’est un problème de taille. L’an dernier, le nombre de naissance est tombé sous la barre des 900.000, une première depuis 1989. Mais la technologie pourrait bien apporter sa petite graine…

Selon l’entreprise spécialisée dans l’analyse de données App Annie, les rencontres en ligne au Japon ont connu une croissance rapide ces dernières années. L’archipel suit la tendance mondiale, à l’heure où l’on se tourne toujours plus vers le web pour chercher l’âme sœur (ou pas). Les chiffres d’App Annie rapportés par CNBC indiquent ainsi que les dépenses des Japonais en la matière ont plus que doublé au cours du premier semestre 2019 pour atteindre plus de 110 millions d’euros, par rapport à il y a deux ans.

Une tendance que confirme aussi l’entreprise Eureka, à l’origine de l’application de rencontres la plus populaire du Japon, Pairs. ‘Nous constatons une croissance à deux chiffres en termes de marché depuis plusieurs années et nous pensons que cela va continuer ainsi pendant un certain temps’, a déclaré Emu Nishiyama, directrice de la marque chez Eureka. Ce n’est pas un hasard puisque l’entreprise fait partie de Match Group, la société à l’origine d’autres applications de rencontres en ligne populaires telles que… Tinder.

Les dépenses de consommateurs les plus élevées

Il faut avouer que les chiffres de Pairs sont impressionnants. En 2019, l’entreprise a enregistré les dépenses de consommation les plus élevées parmi les applications de rencontre au Japon. À l’échelle mondiale, surtout, Pairs se classe au 5e rang en termes de dépenses de consommation. Et ce ne pourrait être qu’un début. Le marché japonais n’en est encore qu’à ses premiers pas.

‘Seuls 20% de la population célibataire ont déjà utilisé les rencontres en ligne’, indique Nishiyama. ‘Si l’on compare avec les États-Unis, où ce chiffre est de 60 %, je pense que seule la croissance peut se produire au Japon.’

Escroqueries et abus

Elle concède cependant que les applications de rencontre devront se heurter à un obstacle de taille: la sécurité, ou plutôt l’insécurité qu’elles génèrent. Une mauvaise image amplifiée par les médias qui aiment rapporter les histoires de rencontres qui ont mal tourné. Si de ‘nombreux cas’ se sont révélés être de faux profils, certains rendez-vous ont même conduit à des meurtres, explique Yuen Shu Min de l’Université nationale de Singapour.

Pour se défendre, Nishiyama indique qu’Eureka vise les plus hauts standards de sécurité possibles. L’entreprise met aussi l’accent sur les rapports de ‘violation’ de conduites inappropriées des utilisateurs, telles que des utilisateurs mariés ou à la recherche de relations non sérieuses. Ils seront alors priés de quitter l’application le plus rapidement.

Reste à voir si les applications et sites de rencontres dépasseront le fameux ‘konkatsu’, ces soirées de rencontre généralement organisées dans des hôtels, restaurants et lieux haut de gamme où les Japonais espèrent trouver l’âme sœur.

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