La World Wealth and Income Database (WIL) publie mardi son plus récent rapport sur les inégalités en Europe. Il montre que l’Europe est l’un des continents qui, entre 1980 et 2017, a le mieux résisté à l’accroissement des inégalités de revenu.
Une étude comparant 38 pays européens montre que la croissance des revenus a été inégale. Entre 1980 et 2017, le revenu moyen des 1 % d’Européens les plus riches a augmenté deux fois plus vite que celui des 50 % les plus pauvres.
Cette augmentation est visible dans presque tous les pays européens. Elle s’est produite dans un contexte de concurrence fiscale croissante entre les Etats européens, écrivent les chercheurs.
Les chiffres sont les suivants :
Etats Unis
Aux États-Unis, la proportion du revenu national dont les 50 % de résidents les plus pauvres ont pu s’emparer a presque été divisée par deux entre 1980 et 2017 (de 20 % à 12 %). La proportion des 1 % d’Américains les plus riches est passée de 11 % à 20 %, soit presque le double au cours de la même période.
Europe
En Europe, la part du revenu national que les 50 % de résidents les plus pauvres ont pu s’accaparer entre 1980 et 2017 est restée pratiquement inchangée (de 20 % à 18 %). La proportion des 1 % d’Européens les plus riches est passée de 8 % à 11 % au cours de cette période (soit une augmentation de moins de 40 %).
L’Europe protège donc mieux ses citoyens économiquement que les États-Unis
Toujours selon le WIL, les institutions de l’Union européenne se sont jusqu’ici concentrées principalement sur la réduction des inégalités entre les États membres.
Le taux de pauvreté en Europe, actuellement de 22 %, est le même qu’au milieu des années 2000. Toutefois, il est plus élevé qu’en 1980 (20 %).
Grâce à un système plus égalitaire dans les domaines de la santé et de l’éducation
Si les inégalités en Europe sont nettement plus faibles qu’aux États-Unis, c’est en grande partie parce que les politiques sociales et fiscales des Etats européens ont permis une répartition plus équitable des revenus avant impôts. Les systèmes d’éducation et de santé en Europe, en particulier, sont plus égalitaires qu’aux États-Unis.
Les chercheurs, dont l’économiste français Thomas Piketty, écrivent que si l’Union européenne veut limiter à l’avenir l’accroissement des inégalités sur le continent, elle doit créer les conditions d’un financement durable et équitable des services publics, notamment par une taxation plus progressive des individus et des entreprises, et au niveau européen.