Les modérateurs de YouTube sont désormais obligés de signer une déclaration reconnaissant que leur travail peut les faire souffrir de troubles de stress post-traumatique (TSPT).
Certains pourront encore arguer qu’il s’agit d’une information digne d’un épisode de Black Mirror. Pour Accenture, qui gère un site de modération pour YouTube, il s’agit simplement d’une volonté de transparence envers ses employés… et de défense juridique apparente. Quatre jours après une enquête du média technologique The Verge sur les TSPT des employés de YouTube, les modérateurs de contenu ont reçu l’ordre de signer un document reconnaissant que l’exercice de leur métier peut provoquer ces troubles.
‘Je comprends que le contenu que je vais examiner peut être dérangeant’, indique le document distribué aux employés. ‘Il est possible que le fait de revoir un tel contenu puisse avoir un impact sur ma santé mentale, et cela pourrait même conduire au syndrome de stress post-traumatique (TSPT). Je dirai à mon superviseur ou à mon conseiller en ressources humaines si je pense que le travail a un impact négatif sur ma santé mentale.’
Les modérateurs de Facebook et Twitter aussi visés?
‘Le bien-être de nos concitoyens est une priorité absolue’, affirme une porte-parole d’Accenture dans un e-mail. ‘Nous mettons régulièrement à jour les informations que nous donnons à nos employés pour nous assurer qu’ils comprennent bien le travail qu’ils font – et le programme de bien-être de pointe et les services de soutien complets que nous offrons.’ Le formulaire indique ainsi des services de soutien aux modérateurs, tels qu’un ‘coach bien-être’, une ligne d’assistance téléphonique et le département des ressources humaines.
Cette déclaration marque une étape importante pour les employés des entreprises tech, vu son caractère explicite sans précédent dans le secteur. Accenture a déclaré qu’elle partageait en outre des informations sur les contenus potentiellement dérangeants avec tous les modérateurs de contenu qu’elle emploie, y compris ceux qui travaillent sur ses contrats avec Facebook et Twitter.
Les réseaux sociaux réagissent pourtant à contre-courant d’Accenture. Facebook a ainsi déclaré qu’il n’examinait ni n’approuvait des formulaires similaires. Chez Twitter, on déclare que les employés reçoivent des informations selon lesquelles ils pourraient visionner des contenus sensibles dans le cadre de leur travail. On ignore cependant s’ils sont amenés à signer le questionnaire de reconnaissance du TSPT en question.
Des menaces de licenciement
Notons encore que le document indique que ‘ce travail n’est pas pour tout le monde’, un langage qui suggérerait, selon des avocats du travail, que les employés peuvent être licenciés pour cause de handicap. Ce qui serait illégal.
La groupe se défend (mal) en assurant que la signature du formulaire est volontaire. Mais deux employés ont déclaré à The Verge qu’ils avaient été menacés de licenciement s’ils refusaient de le signer. ‘Le non-respect de ces exigences constituerait une faute grave et, pour les employés d’Accenture, pourrait justifier des mesures disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement’ indique effectivement la déclaration. Encore faudrait-il que l’entreprise lise attentivement son propre document…
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