Les 5 évènements majeurs qui ont marqué les marchés en 2023

Les 5 évènements majeurs qui ont marqué les marchés en 2023
Peter Tuchman à Wall Street. | Getty

Une rétrospective pour une année pas comme les autres. Entre la lutte contre l’inflation et le risque de récession, les marchés ont surpris tous les analystes, affichant des records. L’année a été riche en rebondissements, marquée par 5 évènements majeurs (au moins).

1. La faillite de SVB

Et pourtant, l’année a commencé dans un certain chaos. À la mi-mars, la méconnue Silicon Valley Bank annonçait des pertes de près de 1 milliard de dollars sur son portefeuille obligataire. En à peine deux jours, le cours de l’action s’effondrait de près de 90%.

Un « bank run » a suivi. Des clients de renom, comme Peter Thiel, ont rapidement retiré leur argent de la banque, entrainant une panique générale. La faillite de SVB a fait tache d’huile sur d’autres banques régionales américaines. First Republic et Signature Bank ont été les victimes suivantes. Forcément, le jeu de domino de la crise de 2008 était dans toutes les têtes.

Mais la chute de ces banques de plus petite ampleur, provoquée par des conditions monétaires restrictives de la Fed, a profité aux gros bras : JPMorgan Chase a par exemple racheté First Republic pour une bouchée de pain. Un joli coup de son CEO, Jamie Dimon.

En fin de compte, les banques américaines ont enregistré les plus gros bénéfices jamais réalisés au premier trimestre 2023.

2. La chute du Crédit Suisse

La peur de cette crise bancaire a été alimentée par la chute d’un géant suisse, au même moment. De l’autre côté de l’Atlantique, en plein cœur de l’Europe, le cours de Crédit Suisse perdait 70% en cinq jours. Une chute qui a été initiée par la non-publication d’un rapport annuel et par l’information selon laquelle la Banque nationale saoudienne (BNS), un prêteur de la banque, fermait le robinet d’argent.

Mais les problèmes au sein du Crédit Suisse étaient bien plus profonds. « La banque a été impliqué dans presque tous les scandales au cours des dernières décennies », nous expliquait Erik Joly, économiste en chef chez ABN Amro Belgium, le 15 mars dernier.

Finalement, le gouvernement suisse a réussi à imposer un accord historique de 3 milliards de francs (3,25 milliards de dollars) qui a vu l’institution bancaire vieille de 167 ans être rachetée par son rival de longue date UBS.

3. L’essor de l’IA générative

Présenté fin 2022, le chatbot ChatGPT comptait déjà 100 millions d’utilisateurs en janvier 2023, un record de rapidité. Son créateur, OpenAI, a été sur toutes les lèvres des investisseurs en cette année 2023, bien que l’entreprise ne soit pas (encore) cotée en bourse.

Deux entreprises en ont beaucoup profité : Microsoft, qui a et va investir jusqu’à 13 milliards de dollars dans l’entreprise spécialisée en intelligence artificielle générative, et Nvidia, sans qui cette IA ne pourrait se développer. En effet, le fabricant de puces s’est rendu indispensable avec ses GPU, ses unités de traitement graphique. Elles sont essentielles pour faire fonctionner les super-calculateurs qui permettent à l’IA de formuler des réponses intelligentes. Depuis le début de l’année, le cours de l’action Nvidia s’est envolé de 245% !

Avec ChatGPT, le grand public a vu pour la première fois, en dehors des films de science-fiction, tout le potentiel de l’IA. Mais aussi ses dangers. Les pompiers pyromanes de la tech nous ont tous mis en garde contre cette technologie, mais tous ont sorti leur assistant : Grok (X), Bard (Google) ou encore Q (Amazon).

4. Des « GAFAM » au « Magnificent Seven »

Cet essor de l’IA a été un magnifique tremplin pour le Nasdaq, qui a tapé récemment un record, et pour le S&P 500, qui s’apprête à le faire. L’indice technologique a pris 45% cette année. L’indice regroupant les 500 plus grandes entreprises américaines a lui engrangé 25%.

Mais ces scores masquent une autre réalité : ce sont les « Magnificent Seven » qui ont tout raflé. Avec un chiffre qui se passe de commentaires : depuis le début de l’année, Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet, Tesla, Facebook, Nvidia ont à eux seuls récupéré toutes les pertes du S&P 500 en 2022, à savoir 4.900 milliards de dollars.

Sans les « Magnificent Seven », les marchés mondiaux seraient tout simplement en déclin cette année. Désormais, ces 7 valeurs constituent une sorte de forteresse quasi inattaquable dans le monde de la technologie. Ces 7 entreprises sont si puissantes qu’elles raflent tout, même si elles sont larguées au départ. Par exemple, Microsoft avait un retard dans le développement de l’IA, mais grâce à ses moyens, elle a pu quasiment s’offrir le leader du marché : OpenAI.

5. L’effondrement du marché obligataire

La même classe d’actifs qui a conduit à la disparition de SVB a de nouveau fait la une des journaux en octobre. Le dérapage des obligations depuis la pandémie a conduit à l’un des pires effondrements du marché, rivalisant même avec la crise de 2008.

Les bons du Trésor américain à 10 ans ont perdu 46 % de leur valeur entre mars 2020 et fin septembre. Des bons qui chutent, ce sont des rendements qui montent : les bons du Trésor à 10 ans ont dépassé les 5% pour la première fois en 16 ans. Entretemps, le rendement du bon à 10 ans est rentré dans le rang, à 3,8%. La raison ? La perspective de voir l’inflation baisser plus rapidement et donc de voir la Fed baisser ses taux d’intérêt, dès le 2e trimestre 2024. Les inquiétudes se dissipent, également en zone euro.

On aurait pu aussi citer : le retour en grâce du bitcoin, qui est repassé au-dessus des 40.000 dollars alors qu’il affichait à peine plus de 15.000 dollars début 2023. Ou alors, le fabuleux rallye boursier de fin d’année, l’équivalent d’une année de gains en quelques semaines, là aussi provoqué par les perspectives d’une inflation qui fléchit, d’une récession qui s’éloigne et d’une baisse des taux dès le mois de mars aux États-Unis, et un peu plus tard en Europe. Bref, un atterrissage en douceur.

Lire aussi : Qu’attendre de Wall Street en 2024 ?

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