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L’Amérique du Sud bientôt en proie à une nouvelle guerre du pétrole ?

L’Amérique du Sud bientôt en proie à une nouvelle guerre du pétrole ?
Le Venezuela mobilise sa population pour réclamer une région du Guyana, déserte et idyllique, mais gorgée de pétrole. | Getty / Fotojet

Le Guyana est le pays avec la plus forte croissance au monde, principalement grâce à son secteur pétrolier. Mais celui-ci attire les convoitises de son voisin vénézuélien, qui menace cette fois de recourir à la force, au risque d’embraser la région. Le tout sur fond d’un conflit territorial datant de 1811 et jamais durablement résolu.

Une guerre du pétrole qui couve depuis le XIXe siècle

Le contexte : le Guyana, ancienne colonie britannique, a acquis son indépendance complète en 1966. mais sa frontière était déjà contestée depuis le XIXe siècle par le Venezuela depuis l’existence de ce dernier, lui-même libéré du joug colonial espagnol en 1811.

  • Caracas réclame la rive droite de l’Essequibo, ou Guayana Esequiba, une région très peu peuplée, mais qui représente quand même 70% de la superficie du Guyana actuel.
  • La querelle n’est pas neuve, mais a déjà fait l’objet d’un accord international pour éviter le conflit. Et ce dès 1899 avec la signature de l’accord de Paris, dans lequel le Venezuela est représenté par des envoyés des États-Unis. Ceux-ci fixent donc la frontière actuelle, sur le fleuve Essequibo. Sauf que Caracas casse cet accord quand son voisin, indépendant, semble plus vulnérable que l’ancienne puissance coloniale.
  • La querelle couve toutefois sans dégénérer, et semble à peu près maitrisée via un statu quo depuis les années 80 – si ce n’est l’annexion par Caracas de l’île Anacoco depuis 1966. Sauf que le Venezuela vient de remettre une pièce dans la machine, et il ne semble pas faire semblant.

Nicolas Maduro, le dirigeant vénézuélien, organise un référendum le 3 décembre prochain, qui comportera cinq questions. Celles-ci portent sur le rejet de l’arbitrage de 1899 par les USA, sur la position vénézuélienne par rapport aux différentes tentatives de médiation, et sur la création d’un « État de Guyana Esequiba », incorporé au territoire national, résume Géo. Ça pourrait s’arrêter là, comme les dernières revendications de l’Argentine sur les Malouines, devenues plus traditionnelles que belliqueuses depuis la déroute de 1982.

Maduro remet une pièce dans la machine

  • Sauf que la République bolivarienne du Venezuela est aux abois, confrontée à l’isolement international et à une des pires crises économiques du XXIe siècle. De là imaginer un régime qui prône une nouvelle cause de lutte nationale, il n’y a qu’un pas, et quelques précédents.
  • En plus, si la région de l’Essequibo est dépeuplée et recouverte de forêt équatoriale, elle est gorgée de pétrole. Un or noir qui a fait du Guyana le pays dont l’économie se développe le plus rapidement sur la planète, cette année. Là aussi, les précédents ne manquent pas : une guerre du pétrole, là-bas comme ailleurs, ça n’a rien d’impensable.

D’autres joueurs rejoignent la partie

Évidemment, si guerre du pétrole il y a, elle ne se fera pas en vase clos.

  • Ce jeudi, le Brésil a annoncé qu’il avait mis son armée en état d’alerte maximale en réaction aux revendications vénézuéliennes. Celles-ci se seraient déjà accompagnées de mouvement de troupes et de matériel vers l’est.
  • S’il n’y a pas encore eu de prise de position officielle à l’heure d’écrire ces lignes, le Guyana peut en théorie se tourner vers la Grande-Bretagne, en tant que membre du Commonwealth. Quant aux USA, ils restent en assez mauvais terme avec Caracas.
  • En outre, la France n’est pas loin : elle possède toujours la Guyane française et sa base de lancement de Kourou, d’où partent les fusées Ariane. Une zone stratégique de première importance, lourdement protégée. Une guerre du pétrole dans son « étranger proche », même dans l’autre hémisphère, n’est pas négligeable pour l’Élysée.
  • Dans l’autre camp, Maduro peut compter sur au moins un allié : Vladimir Poutine. Or celui-ci dispose toujours d’un droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU. Il y a eu aussi des indices de collaboration militaire entre le pays d’Amérique du Sud et le régime iranien.
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