Aux Etats-Unis, les ranchers sont partis en guerre contre les substituts de viande. Ils tentent d’obtenir des régulateurs qu’ils mènent plus de contrôles sur ces produits, payent des chercheurs pour qu’ils les étudient. Leurs campagnes de publicité glorifient le vrai hamburger, et dénigrent ce qu’ils qualifient parfois de « viande pour chiens ».
Le Center for Consumer Freedom, une organisation financée par les producteurs de viande, a lancé une campagne expliquant que les substituts de viande étaient des produits issus d’un important processus de transformation au cours duquel on les arrosait d’additifs et d’agglomérants, et qu’ils favorisaient l’obésité.
‘Fausse viande, véritables produits chimiques’, affirmaient les pages de publicité achetées dans les grands journaux américains.
La dénomination des substituts de viande au coeur de la bataille
De même, des équipes scientifiques ont été recrutées pour analyser les risques posés par les succédanés végétaux pour la santé.
L’année dernière, la USDA, une instance américaine de contrôle de la production de viande américaine, a envoyé ses enquêteurs dans les laboratoires de fabricants de substituts de viande. Ces interventions ont fait suite à une pétition lancée par des fermiers pour interdire les dénominations de ‘viande‘ et ‘boeuf’ pour ces produits. Dans certains états, les ranchers ont déjà obtenu satisfaction. Dans le Kansas, ils veulent imposer la mention ‘imitation’.
Les substituts de viande gagnent du terrain
Leur inquiétude vient du succès des substituts de viande. En octobre, les ventes de viande au détail sur un an avaient baissé de 0,4 %, tandis que celles des succédanés avaient crû de 8 %. Et ces résultats étaient pourtant meilleurs pour le lobby de la viande que ceux de l’année précédente, où il avait vu ses ventes reculer de 0,8 %, pendant que celles des produit végétaux avaient flambé à 21 %.
Selon Nielsen, les substituts de viande ne représentent que 1 % du volume de viande vendu aux Etats-Unis. Mais les producteurs de boeuf redoutent de vivre l’expérience de leurs collègues laitiers, qui ont vu les succédanés végétaux du lait (lait au soja, à l’amande…) gagner une part de marché équivalente à 10 %, tandis que leurs propres ventes chutaient.
La restauration et les supermarchés comprennent que les succédanés leur offrent un gisement de croissance qu’ils comptent bien exploiter. Les grands noms des chaînes de fastfood ont déjà commencé à concocter des “Impossible Whoppers” et leurs variantes, faisant appels aux produits des deux poids-lourds du secteur des substituts de viande, Beyond Meat et Impossible Foods, ou se préparent à le faire, comme McDonald’s. D’autres restaurateurs conçoivent leurs propres succédanés.