Après plus de deux ans de recherches, la Banque centrale européenne (BCE) se prépare à introduire l’euro numérique. Mais cette devise numérique est-elle identique à tous les autres moyens de paiement électronique ? Selon la BCE elle-même et l’Université de Gand, l’euro numérique présente plusieurs avantages.
L’actu : La BCE a récemment déclaré qu’elle poursuivrait les développements concernant l’euro numérique après une période de recherche de deux ans.
- Le 1er novembre, la banque centrale entamera la phase préparatoire de cette monnaie numérique. Durant cette étape, elle étudiera notamment son design et déterminera qui pourra la développer et la proposer.
- La BCE vérifiera aussi si cette monnaie répond aux critères d’ergonomie, de protection de la vie privée, d’inclusion financière et de durabilité.
- Cependant, la BCE insiste sur le fait que ces progrès ne garantissent pas l’existence future de cette alternative numérique à la monnaie fiduciaire. Un lancement éventuel est envisagé pour 2028.
Les atouts de l’euro numérique selon la BCE
Le but : Les transactions numériques et électroniques connaissent une croissance significative. Ces solutions sont généralement proposées par des banques et des fintechs. Désormais, la BCE souhaite introduire sa propre option de paiement électronique sur le marché.
- « L’introduction d’une CBDC (Monnaie numérique de banque centrale) s’inscrit dans l’optique de fournir une version numérique de la monnaie publique, destinée à remplacer progressivement les espèces. Un euro numérique est donc essentiel pour maintenir le rôle de l’euro dans un monde de plus en plus digitalisé », écrivent des chercheurs de l’Université de Gand dans une étude.
La question : l’euro numérique a-t-il des atouts par rapport aux autres moyens de paiement électroniques et numériques ?
- L’avantage majeur de l’euro numérique, selon la BCE, est la possibilité d’utiliser cette monnaie partout dans la zone euro. « À l’instar de l’argent liquide, la CBDC serait sans risque, universellement accessible, facile à utiliser et gratuite pour des usages basiques », est-il mentionné dans un blog de la BCE.
- Aujourd’hui, rien ne garantit que vous pouvez payer avec n’importe quel moyen numérique ou électronique partout dans la zone euro. Certains systèmes de paiement, comme Payconiq, sont rattachés à des banques spécifiques, limitant leur universalité en Europe. Parfois, des frais additionnels peuvent s’ajouter. Avec l’euro numérique, ces frais supplémentaires seraient inexistants.
- La BCE est également convaincue que l’euro numérique renforcera l’autonomie stratégique et la souveraineté monétaire de la zone euro, en optimisant l’efficacité du système de paiement européen, en stimulant l’innovation et en augmentant la résilience du système face aux cyberattaques ou aux incidents techniques, tels que des coupures de courant.
- Cette monnaie pourra aussi être utilisée hors ligne, assurant ainsi la continuité des paiements même en cas de défaillance des infrastructures numériques. À titre d’exemple, des problèmes avec les processeurs de paiement peuvent parfois rendre impossibles les transactions via Bancontact.
- Les chercheurs de l’Université de Gand estiment que l’introduction de l’euro numérique pourrait favoriser l’inclusion financière, offrant un accès aux paiements numériques pour ceux qui n’ont pas accès aux services bancaires traditionnels. Mais ils ajoutent que cela ne va pas de soi : « Certaines personnes ne sont pas à l’aise avec les paiements numériques ou sont numériquement analphabètes. »
Des défis à relever
Mais : l’introduction de l’euro numérique comporte des défis.
- Pour que la CBDC soit couronnée de succès, elle doit reposer sur une technologie performante tout en respectant les règles de confidentialité, et être facile d’utilisation.
- Son impact sur la stabilité des banques est aussi un point d’attention. En effet, les institutions financières pourraient voir une partie de leurs dépôts stables transférés vers des comptes détenus, directement ou indirectement, par la banque centrale, du fait d’une perception de sécurité accrue.
En conclusion : les chercheurs pensent que les bénéfices de l’euro numérique l’emporteront sur ses inconvénients. « Nous avons besoin d’un euro numérique », estiment-ils.