La domination de Tesla à gauche, le débarquement des Chinois en Europe à droite : Volkswagen semble faire face à un cul-de-sac sur le marché automobile qui sera, à terme, constitué uniquement des voitures électriques. Un domaine dans lequel la marque allemande accuse encore bien trop de retard.
Le constat : Volkswagen traîne des pieds en Chine derrière les constructeurs locaux tels que BYD et Nio, alors qu’il s’agit du marché le plus important pour le plus grand producteur automobile d’Europe.
- Et les perspectives sont sombres, avec de faibles chances pour Volkswagen d’y rattraper son retard.
- En cause : un blitzkrieg des marques chinoises, qui offrent des véhicules moins chers et souvent plus performants que ceux du groupe allemand.
Mauvaise nouvelle : La Chine investit désormais l’Europe, marchant directement sur les plates-bandes de VW.
- Les chiffres le démontrent, mais aussi la présence massive des marques chinoises au salon automobile de Munich, la semaine dernière, où elles étaient deux fois plus nombreuses qu’il y a deux ans.
- En Belgique aussi, les marques chinoises gagnent en puissance : la célèbre marque britannique MG, passée sous pavillon chinois en 2006, a vu ses ventes grimper de 370 % sur le marché belge.
Tesla, l’autre big boss
Il y a plus : comme si cette pléthore de marques chinoises surpuissantes ne suffisait pas, Volkswagen doit bien évidemment faire face à la domination exercée par son rival américain sur le marché électrique, Tesla.
- La marque allemande a perdu de sa superbe au profit du style épuré des Model S, 3, X et Y, qui forment l’acronyme tant adoré par leur fondateur Elon Musk.
- Et ce n’est pas juste une question de style, mais de technologie : et dans ce domaine, Volkswagen accuse aussi le coup alors que Tesla rivalise de gadgets et outils en tous genres (même s’ils ne sont pas toujours au point).
- Résultat des courses : la capitalisation boursière de Volkswagen (58 milliards d’euros) vaut plus de dix fois moins celle de Tesla (735 milliards d’euros).
- Ajoutons à cela le nom (encore peu connu dans nos contrées) de VinFast, constructeur vietnamien qui vient de doubler VW (et Ford) en bourse, et on en vient presque à se demander ce qu’il adviendra de « la voiture du peuple » d’ici 10 ans.
L’économie allemande en danger ?
Les perspectives : Au premier semestre 2023, Volkswagen restait bien le premier fabricant mondial de voitures en termes de chiffre d’affaires, mais cette domination est surtout due aux voitures à moteur thermique. Or celles-ci sont appelées à disparaître graduellement avec la transition énergétique. Volkswagen a pris le train en marche et accuse toujours un retard de plus en plus douloureux.
- L’économie allemande dans son ensemble pourrait devenir la victime collatérale d’une chute de Volkswagen, le secteur automobile représentant le pilier de l’industrie teutonne.
- « Le secteur automobile est confronté à la question de savoir si et comment nous serons un leader mondial à l’avenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors du salon de l’automobile de Munich, rapporte Bloomberg. « Pour notre nation, où l’industrie automobile représente une grande part de la création de valeur, il ne s’agit pas seulement d’une question économique, mais aussi d’une question de sécurité. »
- Car VW, emblème du « miracle économique » allemand d’après-guerre, est au cœur des enjeux du pays.
- Tous deux sont confrontés aux risques de la montée en puissance de la Chine, premier partenaire commercial de l’Allemagne et principal débouché de VW (40 % de ses livraisons).
- Tous deux peinent aussi à se convertir à l’ère du numérique, où le logiciel prime sur la mécanique.
- « La pression augmente en raison de la faible croissance économique et de conditions qui ne sont plus compétitives sur le plan international », admet Hildegard Müller, responsable du lobby automobile allemand VDA.
Une bribe de solution : Là où les marques chinoises et Tesla misent sur la technologie et la performance, les constructeurs allemands peuvent s’appuyer sur quelque chose qu’elles n’ont pas : une histoire.
- Les amoureux d’automobiles ont sans doute accueilli avec nostalgie la « Vision Neue Klasse » de BMW au salon de Munich, dont les lignes rappellent ses modèles des années 60. Une décennie où Elon Musk n’était même pas encore né, et encore moins les marques chinoises d’aujourd’hui.
- Dans le cas de VW, ne remontons tout de même pas trop loin, au risque de raviver les origines nazies de l’entreprise…
- Par ailleurs, la stratégie de Volkswagen implique de nouveaux partenariats, une troisième tentative de plateforme EV compétitive et une refonte de la gestion de Cariad, le développeur de logiciels interne de VW.
- Le rachat de près de 5 % de Xpeng, un constructeur automobile chinois en difficulté, pour 700 millions de dollars, est l’une des mesures les plus agressives prises par le CEO Oliver Blume pour accélérer la transition vers les véhicules électriques chez VW.
- Pour le marché chinois, VW a également conclu de nouveaux accords de coopération avec des fabricants de batteries, des spécialistes de la conduite autonome et des développeurs de divertissement en Chine, renforçant ses liens avec le lucratif Empire du Milieu.