La reprise économique post-Covid de la Chine n’est pas celle espérée. À tel point qu’un phénomène bien plus large est à l’œuvre dans l’Empire du Milieu. Le modèle que Pékin a mis en place ces dernières décennies avec des taux de croissance fabuleux « est cassé », selon le Wall Street Journal. Dans les faits, la Chine est plus proche d’une « japonisation » de son économie que d’un rattrapage de l’économie américaine. Et ces 10 indicateurs semblent le montrer.
Dans l’actu : 10 indicateurs (très) inquiétants pour la Chine.
- En juillet, les exportations chinoises ont baissé de 14,5% par rapport à l’année dernière. Le signe d’un ralentissement de l’économie mondiale, mais aussi de l’incapacité de la Chine à se réveiller après 3 années de crise sanitaire. Les importations sont, elles aussi, en chute de 12,4%, d’après les chiffres publiés par les douanes chinoises le 8 août.
- La croissance du nombre de crédits a diminué à son plus bas niveau depuis 2009.
- La Chine fait face à la déflation. Après la chute des prix à la production de 4,44% le mois dernier, les prix à la consommation ont également diminué, de 0,3% en juillet sur base annuelle. Là où presque toutes les banques centrales du monde luttent contre l’inflation, la Banque populaire de Chine se bat contre la baisse des prix, en baissant ses taux d’intérêt.
- Conséquence, le yuan est à son point le plus bas en 16 ans par rapport au dollar.
- Le chômage des jeunes a atteint le taux record de 21,3% en juin dernier. Les chiffres officiels pourraient être pires encore, mais la Chine a décidé de ne plus les publier.
- L’Empire du Milieu est confronté à son « moment Lehman Brothers » avec l’effondrement du marché immobilier. La faillite d’Evergrande aux Etats-Unis et le défaut de paiement à venir de Country Garden ont montré que la Chine doit absorber « 1.000 milliards de dollars d’actifs toxiques« pour assainir son marché immobilier.
- Il y a peu de risques de contagion pour l’économie mondiale, mais la Chine doit se sortir d’un très mauvais pas, ce qu’elle ne fait pas au vu de son endettement colossal. 3 années de crise Covid sont passées par là. Les analystes estiment que l’encours de la dette publique chinoise a dépassé les 123.000 milliards de yuans (18.000 milliards de dollars) l’année dernière, plus que son PIB.
- Le taux de fertilité est tombé au plus bas en 2022, à 1.09 naissance par femme. La population active diminue depuis la moitié des années 2010 et chutera drastiquement à partir de 2030.
- Le FMI estime que la croissance chinoise plafonnera à 4% dans les années à venir, soit moins de la moitié de la croissance de ces quatre dernières décennies. Capital Economics, estime même que la croissance chinoise chutera à 3% et même 2% en 2030.
L’essentiel : une japanisation plutôt qu’un rattrapage des États-Unis.
- Durant les années 90, beaucoup d’économistes voyaient le Japon dépasser les Etats-Unis comme première puissance économique mondiale. On connait la suite : une croissance molle, de la déflation, le vieillissement de la population et crise du marché immobilier ont eu raison des velléités japonaises.
- En 1997, le FMI voyait la Chine dépasser les États-Unis dès 2017. En 2010, Goldman Sachs faisait une prédiction similaire pour 2030. Le journal économique The Economist penchait lui pour 2019. Tous se sont trompés, les États-Unis étant un éternel pays émergent. Désormais, la Chine est plus proche d’une « japonisation » de son économie que d’un rattrapage.
- À une grosse différence près : le revenu national par habitant du Japon en 2022 était d’environ 42.440 dollars, celui des États-Unis d’environ 76.400 dollars, alors que celui de la Chine n’est que de 12.850 dollars.
