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« 2022 a été une année plus désastreuse pour les investisseurs que 2008 »

« 2022 a été une année plus désastreuse pour les investisseurs que 2008 »
Christofer Govaerts, stratégiste en chef de Nagelmackers

De nombreux investisseurs préféreront oublier 2022 dès que possible. Selon Christofer Govaerts, stratège en chef de la banque Nagelmackers, cette année a été encore plus désastreuse que 2008, lorsque la crise financière a éclaté. « Personne n’a été épargné maintenant, pas même les investisseurs défensifs », constate-t-il.

Pourquoi est-ce important ?

2022 a été une année catastrophique pour presque tous les investisseurs. Les hausses des taux d'intérêt des banques centrales exercent une pression sur les actions et les obligations. Ils le font pour réduire l'inflation galopante. Qui est, tant dans l'UE qu'aux États-Unis, beaucoup plus élevée que les objectifs des institutions monétaires. La Fed et la Banque centrale européenne (BCE) visent une inflation de 2%.

L’année 2022 a été une douche froide pour les investisseurs. Après que plusieurs banques centrales dans le monde, dont la BCE et la Réserve fédérale, aient mené une politique monétaire accommodante pendant des années, elles ont changé leur fusil d’épaule cette année. L’inflation galopante a incité les institutions monétaires à augmenter fortement les taux d’intérêt. « Jerome Powell a relevé les taux d’intérêt en huit mois à un niveau qu’Alan Greenspan (l’un des précédents directeurs de la Fed, NDLR) a atteint après huit ans », note Govaerts dans une interview accordée à Business AM. Lors de chacune des quatre dernières réunions, la Fed a décidé de relever les taux d’intérêt de 75 points de base.

Une année désastreuse pour les investisseurs

La BCE est intervenue un peu plus tard, mais a depuis relevé ses taux d’intérêt de 200 points de base. Ce resserrement de la politique monétaire n’est, bien entendu, pas sans conséquences pour les investisseurs. Les investisseurs en actions ont vu les prix chuter parce qu’il est plus intéressant pour les investisseurs d’investir dans des actifs à revenu fixe, notamment des obligations d’État et de sociétés, lorsque les taux d’intérêt augmentent. Les obligations ont ensuite dû perdre à nouveau du terrain car leur valeur (sur le marché secondaire) diminue lorsque les taux d’intérêt augmentent. Les investisseurs obligataires obtiennent de fait un coupon plus élevé lorsqu’ils achètent la (nouvelle) dette d’un émetteur.

« Cela a fait de 2022 une année plus désastreuse pour les investisseurs que 2008. Ils n’avaient nulle part où aller », dit Govaerts. « En 2008, les investisseurs prudents ont encore pu réaliser des rendements positifs ». Il donne l’exemple d’un investisseur défensif qui a constitué un portefeuille européen composé de 75% d’obligations et de 25% d’actions. En 2008, cette personne pouvait réaliser un rendement d’environ 5%. C’était impossible cette année, car les actifs à revenu fixe étaient également associés à des rendements négatifs.

Que nous réserve l’avenir ?

Ces dernières semaines, les marchés d’actions ont gagné un peu de terrain. Les investisseurs ont notamment réagi positivement au chiffre de l’inflation américaine. À 7,7% en octobre, il était inférieur de 20 points de base aux prévisions. Pourtant, plusieurs responsables de la Fed préviennent qu’il est beaucoup trop tôt pour desserrer le frein à main. Mary Daly, présidente du bureau régional de la Fed à San Francisco, a déclaré récemment qu’elle s’attendait à ce que la banque centrale américaine relève les taux d’intérêt d’au moins un point de pourcentage supplémentaire.

Cela correspond aux prévisions de Govaerts : « Les hausses de taux seront moins brutales, mais il y en aura certainement d’autres à venir. » Il s’attend à un redressement des marchés financiers au cours du second semestre de l’année prochaine. « Les marchés partent du principe que les taux d’intérêt (aux États-Unis et dans l’UE) atteindront un pic au printemps ou en été », explique-t-il. « A la fin de l’automne 2023, on peut s’attendre à une éventuelle baisse des taux d’intérêt. Et cela devrait alors également jeter les bases d’un meilleur environnement cyclique au second semestre et idem un meilleur environnement pour investir pleinement dans les actifs à risque. »

Comment investir en 2023 ?

Le stratège en chef s’attend à ce que les marchés boursiers restent volatils au cours des six premiers mois de 2023, les prévisions de bénéfices étant encore revues à la baisse sous la pression des marges. « Pendant cette phase finale du marché baissier, nous préférons particulièrement les secteurs tels que la santé et les valeurs financières. Avec la présence relativement forte de ces valeurs en Europe et dans les marchés émergents, les États-Unis pourraient bien céder leur leadership », ajoute-t-il.

Même pour les investisseurs défensifs, le pire devrait être derrière nous l’année prochaine. « Il y aura encore une certaine pression à la hausse sur les taux d’intérêt pendant les mois d’hiver, mais la plupart de ces difficultés ont déjà été prises en compte dans le marché aujourd’hui », ajoute-t-il.

« De plus, les primes de risque sur les obligations non gouvernementales sont attrayantes et nous nous intéressons principalement aux obligations d’entreprises européennes et internationales de qualité. Pour le segment plus risqué – obligations à haut risque et marchés émergents – le ciel commence également à s’éclaircir », poursuit Govaerts. Il note toutefois que la gravité de la récession imminente sera déterminante.

(CP)

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