YouTube radicalise bel et bien ses utilisateurs via les contenus d’extrême droite

Des chercheurs affirment que la plateforme YouTube joue bien un rôle dans la radicalisation des utilisateurs via l’exposition aux idéologies d’extrême droite.

Surfer sur YouTube n’est pas sans danger, on le savait déjà. Certains contenus de la plateforme peuvent heurter les plus jeunes (et causer des troubles de stress post-traumatiques aux modérateurs). Et voici maintenant confirmée une autre hypothèse inquiétante, mise en avant par Tech Crunch.

Selon une étude menée par des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) et de l’Université fédérale du Minas Gerais (Brésil), les utilisateurs s’engageant dans les contenus d’extrême droite les plus ‘modérés’ finissent par commenter les contenus les plus extrêmes.

D’alt-lite à alt-right

Cette étude, présentée à Barcelone, avait pour but initial de démontrer (ou infirmer) la thèse du sociologue Zeynep Tufekci qui exposait dans le New York Times que YouTube est un moteur de radicalisation. Les chercheurs ont analysé 330.925 vidéos postées sur 349 chaînes avec un total de 72 millions de commentaires, classant le contenu en quatre catégories: Media, Alt-lite, Intellectual Dark Web (IDW) et Alt-right. Leurs résultats montrent que les utilisateurs qui commentaient d’abord des contenus ‘alt-lite’ (plus modérés) passaient progressivement vers des contenus d’extrême droite.

‘Un nombre important d’utilisateurs migrent systématiquement de commentaires portant exclusivement sur des contenus plus légers vers des commentaires portant sur des contenus plus extrêmes’, indique leur rapport. ‘Nous soutenons que cette constatation fournit des preuves significatives qu’il y a eu, et qu’il continue d’y avoir, une radicalisation des utilisateurs sur YouTube.’

YouTube partiellement responsable

Le chercheur Horta Ribeiro a par ailleurs indiqué que YouTube était responsable de cette radicalisation, en tant que plateforme véhiculant ces communautés d’extrême droite. ‘Beaucoup de ces communautés vivent sur YouTube, elles y ont une grande partie de leurs contenus, c’est pourquoi YouTube y est si profondément associé’, a-t-il déclaré.

Il nuance tout de même ses propos en annonçant qu’il est difficile de savoir actuellement à quel point YouTube est responsable de cette radicalisation, ou si ce ne serait pas plutôt aux systèmes de recommandation qu’il faudrait jeter la pierre.

En attendant, il est donc désormais prouvé qu’un processus incite bien les utilisateurs à passer de chaînes plus ‘soft’ à d’autres bien plus extrêmes. On attend encore une réaction de YouTube, qui a resserré son approche ces dernières années à l’égard des contenus d’extrême droite, face à la pression publique sur les risques de radicalisation…

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