Il est presque certain que Xi Linping restera au pouvoir pendant plus de deux mandats. Mais dès l’année prochaine, il devra réfléchir à qui pourra reprendre le flambeau à sa place. Même au sein du parti communiste chinois, les gens s’inquiètent de plus en plus de sa succession.
Xi Jinping ne trouve personne pour lui succéder, et ça pourrait lui poser problème…
Pourquoi est-ce important ?
Le 1er juillet, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours festif lors des célébrations du 100e anniversaire du Parti communiste. En une décennie sous son règne, la Chine a accompli d'énormes progrès. Mais la performance pleine d'assurance de Xi Jinping et des autres digireants du Parti masquent une question pressante à laquelle il est urgent de répondre : qui succédera à Xi ?Lorsque Xi Linping est arrivé au pouvoir en 2013, on craignait encore que les dirigeants de Pékin ne perdent le contrôle de l’armée. Bien que l’économie du pays connaissait une croissance incroyable, le parti communiste était miné par la corruption, les jeux de pouvoir et même les menaces de mort. Le top de l’armée regardait avec suspicion.
Mais Xi Jinping a réalisé l’impensable. Il a déclaré la guerre à la corruption au sein du parti et a réussi son coup. Xi a restauré l’image du Parti auprès des citoyens et a réussi à mettre sous sa coupe les familles les plus puissantes du pays ainsi que l’armée.
La pandémie du Covid-19, qui se serait déclarée dans la ville chinoise de Wuhan, a brièvement menacé de mettre un terme à tous les progrès accomplis par le dirigeant chinois. Mais après une réponse maladroite du gouvernement provincial, Xi Jinping a réussi à contenir le virus. À la fin de 2020, la Chine était le seul pays à enregistrer une croissance économique.
Alors que Washington a dû faire face à une tentative de coup d’État ratée en janvier, Pékin annonçait une grande nouvelle : la superpuissance asiatique a permis à 1,4 milliard de Chinois de sortir de l’extrême pauvreté. Et bien que les normes salariales et la qualité de vie générale restent très basses, il est vrai que la classe moyenne chinoise connaît la croissance la plus rapide au monde.
Combien d’années reste-t-il à Xi ?
En Chine, un président reste au pouvoir pour un maximum de deux mandats de cinq ans. Xi Jinping a été réélu en 2018 et, la même année, la limite des mandats pour la fonction présidentielle a été abolie. Techniquement, le dirigeant suprême peut donc rester au pouvoir après la fin de son second mandat, en 2022, tant qu’il dispose du poids politique nécessaire.
Néanmoins, Xi Jinping ferait bien de montrer qu’il est à la recherche d’un successeur potentiel. En effet, la succession des dirigeants a toujours causé des maux de tête au Parti communiste.
Le successeur de Mao Zedong, Hua Guofeng, a rapidement été mis sur la touche par Deng Xiaoping après une brève lutte politique. Les successeurs nommés par Deng connaîtront plus tard le même problème. Deux politiciens choisis par Deng perdront face à Jiang Zemin pour prendre le contrôle du Parti.
La transition de Jiang à Hu Jintao, puis à Xi Jinping, a été beaucoup plus pacifique. En effet, depuis le règne de Deng, la fonction de président a pris de plus en plus de pouvoir. C’est plus simple: le président chinois est en fait le secrétaire général du Parti, le président de la République populaire et le président de la commission militaire.
Il y avait aussi une règle tacite que tous les dirigeants chinois suivaient. Ils ont tous renoncé à leur position de pouvoir dans leur 68e anniversaire. Xi Jinping a eu 68 ans le 15 juin mais a déclaré par le passé que l’âge officieux de la retraite des dirigeants chinois était « trop rigide ».
Et ensuite ?
Le fait que Xi Jinping n’ait pas encore désigné de successeur pourrait poser des problèmes au Parti, estime Steve Tsang, directeur du China Institute de Londres. « Lorsque la succession arrive, elle peut être particulièrement déstabilisante si sa structure et son processus ne sont pas clairement définis », a déclaré M. Tsang dans une interview accordée au journal hongkongais South China Morning Post.
En outre, le Parti a fixé des objectifs ambitieux. D’ici 2049, il devrait y avoir un « grand rajeunissement » de la société chinoise vieillissante. D’ici 2060, le pays devrait être totalement neutre sur le plan climatique. Ces rêves du parti communiste ne seront pas réalisés par Xi Pinping, mais par son successeur.
Parallèlement, le successeur du dirigeant chinois héritera également d’un écart de richesse croissant, d’un problème d’image mondiale et de tensions militaires avec les États-Unis et leurs alliés.
Bien que nous ne sachions pas encore qui Xi Linping aurait en tête pour sa succession, les experts de la Chine citent déjà deux figures. Yuan Jiajun, 58 ans, qui est passé d’un rôle de premier plan dans le projet spatial Shenzhou à celui de secrétaire du parti dans la province de Zhejiang, et Yin Yong, 63 ans, ancien cadre supérieur de la banque centrale chinoise, aujourd’hui vice-maire de Pékin.
Même si Xi Jinping veut jouer les prolongations, il ferait bien de se trouver un successeur. Sans quoi, une lutte interne au sein du Parti communiste pourrait éclater, profitant à ses ennemis. A lui, ensuite, de montrer qu’il bénéficie d’un poids politique suffisant pour continuer.
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