Vous trouvez qu’Amazon est très présent dans vos vies ? Attendez de voir la suite. Le géant de l’e-commerce veut gagner le secteur européen des supermarchés, à commencer par le Royaume-Uni. Au mois de mars, Amazon a ouvert son premier supermarché britannique. Cinq autres ont déjà suivi. Et ce n’est que le début d’une opération de très grande ampleur.
Le 4 mars dernier, Amazon ouvrait son premier supermarché européen. Une enseigne Amazon Fresh, c’est-à-dire une supérette dotée du système Just Walk Out (sans caisse), à Ealing, un quartier de l’ouest londonien. Les mois suivants, cinq autres magasins ont vu le jour. A la base, Amazon comptait en ouvrir 26 d’ici fin 2021. L’objectif est manqué, mais ça ne signifie pas pour autant que le géant de l’e-commerce soit en train de rater sa conquête des supermarchés britanniques.
D’après Forbes, au cours des trois prochaines années, Amazon a l’intention d’ouvrir des centaines de magasins physiques au Royaume-Uni, principalement des Amazon Fresh. Ses intentions se chiffrent à 60 ouvertures en 2022, 100 en 2023 et 100 autres en 2024.
Selon des documents internes consultés par Business Insider, l’ensemble de ces enseignes seront sans caisse. L’objectif assumé est de rattraper Tesco, Sainsbury’s et Co-op, soit les trois leaders des supermarchés du Royaume-Uni. Amazon a d’ailleurs très récemment entamé un rapprochement avec Sainsbury’s, lui louant sa technologie Just Walk Out. Signe que l’entreprise fondée par Jeff Bezos fait peur aux chaînes britanniques.
Aurait-il vraiment pu en être autrement ?
Au printemps dernier, une étude menée par Edge Retail Insight a prévu que Amazon Royaume-Uni deviendrait le leader national de la vente au détail dès 2025. L’année dernière, son chiffre d’affaires total s’élevait à 48,6 milliards de dollars, loin derrière celui de Tesco, qui s’élevait à 85,7 milliards de dollars. En 2025, les ventes de Tesco devraient atteindre 101,9 milliards de dollars, tandis celles d’Amazon devraient s’envoler pour atteindre 103,1 milliards de dollars.
Si ces objectifs et prévisions peuvent impressionner, ils ne sont toutefois pas très surprenants. A partir du moment où Amazon a décidé de s’implanter sur le secteur des supermarchés au Royaume-Uni, c’est qu’il voyait grand. Cela ne lui sert pas vraiment de se porter sur un nouveau pan de l’économie si ce n’est pas pour tenter de le dominer.
D’ailleurs, rappelle Forbes, Amazon a séduit cet été l’ancien cadre de Tesco, Tony Hoggett, pour qu’il dirige ses magasins physiques. Il devrait commencer à travailler pour l’entreprise en janvier 2022, en s’installant à Seattle et en assumant le rôle de vice-président directeur des magasins physiques. L’homme a passé plus de 30 années chez Tesco et a occupé un des rôles de premier plan au Royaume-Uni et en Asie. Il s’agit assurément d’un très joli coup de la part d’Amazon.
Tout n’est pas rose pour autant
Business Insider souligne également le fait que l’embauche de Tony Hoggett met en lumière certains problèmes rencontrés par Amazon vis-à-vis de ses magasins physiques. Si la sauce prend bien aux Etats-Unis et que tous les espoirs restent permis au Royaume-Uni, les chiffres actuels restent encore en-deçà des (gargantuesques) attentes du groupe.
En 2020, Amazon avait énuméré plusieurs priorités pour améliorer le fonctionnement de ses magasins Fresh. Délais de lancement, technologie en magasin et initiatives d’automatisation de la chaîne d’approvisionnement étaient au programme. Sans oublier la volonté de proposer une meilleure sélection et de meilleurs prix pour « atteindre la parité avec les détaillants britanniques », et de réduire les coûts de main-d’œuvre pour créer un « avantage de structure de coûts » par rapport à la concurrence.
Sur certains points, les attentes ont été relativement bien remplies. L’équipe en charge des magasins Fresh a souvent échoué à atteindre les objectifs internes. Ce qui a entraîné une augmentation du stress au travail, selon des employés qui se sont confiés au média américain. Un cadre d’Amazon Fresh a fait part de ses inquiétudes concernant une culture « toxique » et un « épuisement professionnel » au travail. Il a également été reproché en interne que le service d’épicerie était « médiocre » et le fait que l’entreprise avait une culture « bureaucratique ».
Tony Hoggett sera donc bientôt chargé de redynamiser l’ensemble, pour permettre à Amazon de dépasser son ancien employeur, Tesco, au Royaume-Uni. Mais sa mission ne s’arrêtera pas là, puisque Amazon compte ouvrir des magasins d’alimentation sans caisse dans l’Union européenne dès 2022. Les premiers pays ciblés sont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Avant, qui sait, de débarquer chez nous.