Après avoir admis que ses ventes de voitures électriques en Europe avaient méchamment chuté, Volkswagen a annoncé le report du lancement de sa troisième usine à batteries sur le Vieux Continent. La faute à une demande « trop lente ».
À la peine avec ses voitures électriques, Volkswagen reporte l’ouverture d’une usine à batteries en Europe

Pourquoi est-ce important ?
Les géants de l'automobile d'hier seront-ils ceux de demain ? Pas sûr. Si certains constructeurs semblent confiants dans leur transition vers les véhicules électriques, d'autres sont plus en difficulté. Une chose est sûre : l'électrification a rebattu les cartes.Dans l’actu : VW n’a toujours pas décidé quand elle lancera sa nouvelle usine à batteries.
- Censé bientôt ouvrir une troisième usine à batteries en Europe, Volkswagen a finalement mis son projet en standby. Une décision prise en raison d’un marché des véhicules électriques qui peine à passer à la vitesse supérieure, selon son patron.
Les ventes de voitures électriques stagnent en Europe, selon Volkswagen
Les détails : six gigafactories en Europe cette décennie, vraiment ?
- D’ici 2030, Volkswagen ouvrira six gigafactories en Europe. C’est en tout cas l’objectif qu’elle a affiché en 2021.
- Depuis cette annonce, trois projets ont été mis sur les rails. Un premier à Salzgitter (Allemagne), un deuxième à Valence (Espagne) et un troisième à… St. Thomas (Canada).
- La troisième usine à batteries devait être installée sur le Vieux Continent, mais l’appât de l’Inflation Reduction Act (IRA) a fait revoir les ambitions de VW en Amérique du Nord à la hausse.
- A priori, la quatrième gigafactory de l’entreprise allemande devrait bien prendre place en Europe. Mais ça fait plus d’un an qu’une annonce se fait attendre, rapporte Electrek.
- Volkswagen a déjà prospecté dans plusieurs pays d’Europe centrale et de l’Est. Mais elle n’a toujours pas pris de décision. Non pas parce qu’elle n’y trouve pas son bonheur, mais car elle estime que le timing n’est pas opportun.
- « Étant donné le ralentissement de l’adoption des véhicules électriques sur le marché en Europe, il n’y a pour le moment aucun argument commercialement valable pour l’implantation de nouveaux sites en Europe », a expliqué son CEO Oliver Blume, cité par Euractiv.
Les commandes en Europe en chute libre
Les derniers chiffres : inquiétants.
- Cette annonce survient quelques jours après que Volkswagen a annoncé que ses commandes de voitures électriques en Europe occidentale ont chuté de moitié en un an : de 300.000 à 150.000.
- Notons qu’à l’échelle mondiale, Volkswagen a écoulé 531.500 voitures électriques sur les neuf premiers mois de l’année. Ce qui représente une hausse de 45% en glissement annuel.
- C’est plutôt embêtant, dans la mesure où le Vieux Continent représente environ deux tiers des ventes de VE du groupe.
- Ses dirigeants ont attribué cette baisse à une tendance observée globalement sur le marché européen. Une demande grippée qui les a conduits à abaisser leurs prévisions, faisant passer la part des VE dans les ventes du groupe de 11% à 8-10%.
Assiste-t-on à une passation de pouvoir ?
Le contexte : d’autres géants réduisent la voilure.
- Volkswagen n’est pas la seule entreprise à être en délicatesse avec ses voitures électriques.
- Pas plus tard que la semaine passée, General Motors (GM) a abandonné un de ses objectifs en la matière. À savoir faire sortir de ses usines nord-américaines 400.000 véhicules électriques entre 2022 et mi-2024.
- Le groupe a toutefois maintenu son objectif pour 2025 : une production annuelle de 1 million de véhicules électriques en Amérique du Nord.
- Dans le même temps, un autre grand constructeur américain a reporté de 2023 à 2024 son objectif de produire 600.000 VE en un an : Ford.
- On peut aussi évoquer Toyota, qui a tout juste réduit de 40% ses prévisions de ventes de VE pour cette année, les faisant passer à 123.000 unités.
- Les difficultés de ces pionniers de l’automobile sont à mettre en parallèle avec les progrès continus des nouveaux acteurs que sont, entre autres, Tesla et BYD.
- Même si ses résultats du troisième trimestre ont déçu (car plombés par des coûts de production en hausse), ses ventes à travers le monde continuent d’augmenter (+45% sur un an), portées par une politique agressive de réduction des prix.
- Quant au constructeur chinois, il se porte encore mieux. Il a dépassé Volkswagen pour s’établir marque n°1 en Chine et menace même désormais de voler la couronne à Tesla à l’échelle mondiale en matière de véhicules électriques.