Voici les armes de l’UE pour contrer la crise du gaz

L’Union européenne veut réformer le marché du gaz pour enrayer l’énorme hausse des prix que nous traversons. Et les parlementaires de chaque pays ont déjà rassemblé une série de pistes qui devraient permettre de dégager une stratégie commune avant l’hiver.

La hausse des prix de l’énergie est sur toutes les lèvres, dans chaque foyer comme au Parlement européen, où on planche sur une stratégie pour contrer les pénuries de gaz. « D’ici la fin de l’année, je proposerai une réforme du marché du gaz et je réexaminerai dans ce contexte les questions relatives au stockage et à la sécurité de l’approvisionnement » assurait ce mercredi Kadri Simson, commissaire à l’Énergie pour l’Union européenne, durant un débat visant à dégager des pistes pour contrecarrer la hausse des prix. Parmi les propositions mises sur la table par les différents pays, on peut déjà scruter certaines pistes qui ont de fortes chances de se retrouver dans la future réforme qu’a promise Mme Simpson.

  • Des stocks à l’échelle de l’Union. La délégation espagnole a mis en avant qu’avec ses 450 millions d’habitants, l’UE représentait un marché bien plus conséquent, et donc influent, que chacun de ses membres pris indépendamment. Un poids qui pourrait permettre la création d’une réserve stratégique commune de gaz, si les États s’accordaient pour acheter et stocker en commun.
  • Lutter contre la spéculation. Une piste suggérée par le ministre de l’Énergie du Luxembourg, Claude Turmes: « L’UE devrait saisir l’occasion de la révision de la directive sur le gaz à la fin de l’année pour examiner plus précisément le comportement de certains opérateurs sur le marché. Tout nous indique qu’il y a des opérateurs extrêmement spéculatifs sur le marché. Et il est probablement nécessaire, dans cette directive sur le gaz, d’élaborer une réglementation plus détaillée sur les traders. Il est très important de comprendre que la plupart des compagnies gazières en Europe ont des stratégies de couverture. Nous savons qu’elles ont acheté du gaz au cours de l’année et demie écoulée à des prix beaucoup plus bas. Elles ont couvert leurs risques, et la hausse des prix pendant l’hiver devrait être contenue. »
  • Rassurer les marchés sur les stocks existants. Afin de contrecarrer de possibles mouvements de paniques économiques, Kadri Simson a tenu à rassurer sur le niveau des stocks de gaz existants. Selon la commissaire, l’UE a actuellement de quoi passer l’hiver: « Le stockage souterrain de gaz est supérieur à 75 % dans toute l’Europe. Ce niveau est inférieur à la moyenne décennale mais suffisant pour couvrir les besoins de la saison hivernale. »
  • Tout miser sur le renouvelable. C’est un point de conflit dans la politique énergétique européenne : face à la crise, certains pays -les plus pauvres ou les moins bien équipés- réclament un retour en grâce des énergies fossiles, même provisoirement, à titre de précaution pour leur éviter toute détresse énergétique. Pour la commissaire, c’est une mauvaise piste : l’UE doit au contraire accélérer sa politique de transition vers le renouvelable. « L’éolien et le solaire ont continué à produire l’électricité la moins chère en Europe ces derniers mois et ne sont pas exposés à la volatilité des prix », a-t-elle fait remarquer. Un pari à moyen terme, donc.
  • Dénouer le prix de l’électricité de celui du gaz. Actuellement, les centrales au gaz servent à produire un cinquième de l’énergie utilisée en Europe. L’impact de la hausse du prix du gaz sur celui de l’électricité est donc démesuré, et Ursula von der Leyden voudrait bâtit un nouvel indice: « Si les prix de l’électricité sont élevés, c’est en raison des prix élevés du gaz, et nous devons examiner la possibilité de découpler le marché, car nous disposons d’une énergie beaucoup moins chère, comme les énergies renouvelables. » Ce couplage faisait sens car les centrales au gaz sont très pratiques pour donner rapidement un boost à la production d’énergie quand c’est nécessaire, mais en car de pénurie de carburant, le prix de l’électricité suit plus qu’il ne devrait le faire.

Après la fièvre de mardi à mercredi où le prix du TTF, valeur de référence, a grimpé à 161 dollars le MWh, le prix est désormais retombé à 101 dollars le MWh. Cela démontre la volatilité du marché du gaz – et donc sa spéculation – mais la barre des 100 dollars demeure un problème pour les factures des citoyens.

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