Les 10 pays les plus pauvres au monde se situent tous sur le continent africain, au sud du Sahara. La pauvreté y est souvent liée à un conflit ou une guerre.
Comme souvent, les mêmes symptômes. Les 10 pays les plus pauvres au monde ont comme point commun de vivre sous un régime autoritaire, sans institutions judiciaires solides, sans presse libre et avec un taux de corruption élevé. Tous ces facteurs, conjugués à la faiblesse des institutions financières et le manque d’investissements, en font des pays très peu attrayants pour les investisseurs étrangers. Et pourtant, certains pays de ce classement jouissent encore de matières premières considérables.
Le pays qui a fait le plus grand bond en avant dans ce classement peu enviable est le Malawi. Un gouvernent démocratiquement élu est toutefois en train de changer la donne depuis l’établissement du classement. On retrouve toutefois les mêmes pays d’année en année.
Autre constante: la pression climatique. Le changement climatique et les sécheresses mettent une énorme pression sur l’agriculture. Si bien que la sécurité alimentaire n’est pas assurée dans ces 10 pays. Il s’agit pourtant d’un prérequis. Il n’y a pas de croissance quand un pays ne mange pas.
Le classement n’a pas été bouleversé par la crise sanitaire. Cela s’explique par des données pour la plupart manquantes sur la réelle situation épidémiologique des pays d’Afrique. Mais il est clair que la pandémie a freiné l’un ou l’autre pays dans leur progression. La récente hausse de l’inflation dans les économies développées touche aussi les pays pauvres de plein fouet.
Ce classement a été établi par Global Finance selon le PIB par habitant, c’est-à-dire en Parité de Pouvoir d’Achat (PPA). Les données sont issues du FMI et de la Banque mondiale.
10. Madagascar
Située à 400 kilomètres des côtes de l’Afrique de l’Est, Madagascar est la 4e plus grande île du monde. Connue pour sa faune et sa flore unique, Madagascar survit grâce à l’industrie du tourisme et à l’agriculture. L’île reste très dépendante de la météo, mais avait retrouvé sa croissance et limiter la pauvreté.
Tout a changé l’année dernière avec l’arrivée du Covid-19. La crise sanitaire a provoqué une récession, et a particulièrement touché les employés du secteur du tourisme. Les ressources budgétaires et les investissements ont été épuisés, les programmes sociaux engloutis.
Le président populiste Andry Rajoelina a sous-estimé l’ampleur de la crise et du virus. Il est accusé en outre de corruption et d’inefficacité par ses détracteurs. Il s’est pourtant permis de virer tous ses ministres pour ces mêmes raisons.
9. Liberia
Au Liberia, le président nouvellement élu n’est autre que George Weah, ancienne gloire du football mondial. Il doit apporter de la sérénité à son pays. Une guerre civile a décimé la population avant de prendre fin en 2003. Le calme règne et les forces de sécurité sont maintenant sous le contrôle du gouvernement.
Mais les difficultés sont toujours bien là: le pays a été touché par Ebola en 2014 et par une inflation des prix des produits de base. Pour l’heure, le Liberia survit grâce à son caoutchouc, son minerai de fer et son huile de palme. Le pays doit compter sur les aides étrangères pour se développer.
Agriculture vétuste, pression climatique forte, dépendance des marchés mondiaux, chômage endémique: 85% des Libériens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Les choses, cependant, pourraient enfin se mettre en place. L’économie du Libéria a augmenté de 3,5 % en 2021 et devrait augmenter de 4,7 % en 2022.
8. Malawi
Le Malawi est politiquement le meilleur élève de ce top 10. Un nouveau gouvernement, reconnu par la communauté internationale, y a été démocratiquement élu en 2020 après l’éviction de l’ancien président Peter Mutharika par la Cour constitutionnelle. En conséquence, le Malawi a reçu un soutien financier du FMI et de la Banque mondiale. Des réformes structurelles y ont été mises en place. Cela n’empêche pas que des soupçons de corruption y prospèrent.
Le Malawi reste très vulnérable. Car son agriculture dépend beaucoup des précipitations. Là aussi, les récentes sécheresses freinent la reprise économique du pays. Une constante dans ce classement. La vie s’améliore toutefois dans les villes, ce qui n’est pas le cas des campagnes: l’inflation et l’insécurité alimentaire y stimulent la pauvreté. En 2015 et 2016, seuls 17% de la population pouvaient satisfaire ses besoins alimentaires. Le soutien de l’étranger reste indispensable.
La pandémie a en outre freiné le plan de relance préparé par le nouveau président élu. En 2020 la croissance est tombée à 0,9% contre 5,4% l’année précédente. Les chiffres de 2021 ne sont pas encore connus.
7. Niger
Environ 80% de la surface du Niger fait partie du Sahara. Rien n’y pousse. Mais la population ne cesse d’augmenter, ce qui intensifie la pression sur l’agriculture. De plus, le désert gagne du terrain: le pays entier peut courir à la catastrophe.
L’économie du pays dépend de deux ressources: l’or et l’uranium. Mais l’inflation, les sécheresses et les inondations (dans le sud du pays) plombent la croissance. Si de récentes découvertes de pétrole ont fait renaître un peu d’espoir, la dette du pays reste préoccupante. Les grands projets ne généreront des bénéfices que dans plusieurs années.
Le pays est également très instable politiquement en raison de la présence de Boko Haram, groupe islamiste qui avait juré allégeance à l’État islamique. Beaucoup de gens fuient les territoires occupés. Au niveau de l’éducation, beaucoup de personnes sont analphabètes. La mortalité y est aussi très élevée, ce qui rend une reprise économique très difficile.
Cette année, un coup d’Etat militaire qui a échoué a vu l’ancien enseignant et ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum être élu président. Il suscite un nouvel espoir alors que le pays a connu une croissance de 7% l’année dernière.
6. Mozambique
L’année 2011 suscite de grands espoirs. D’énormes quantités de gaz sont découvertes au large des côtes du pays.
La société française Total a obtenu à l’été 2020 le financement de 16 milliards de dollars pour mettre sur pied une installation de gaz naturel liquéfié. Il s’agit de plus gros investissement de l’étranger en Afrique. Beaucoup espéraient le début d’un nouveau départ. Mais la crise sanitaire et de nouvelles attaques dans le nord du pays perpétré par des groupes islamistes a fait déchanter la population. Total a suspendu ses opérations.
La dette du pays explose. La pression sur le système fiscale devient énorme: il faut d’abord rembourser avant de tirer des revenus des différents grands projets du pays.
La plupart des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le pays ne manque pas de terres arables mais est énormément dépendend des conditions météo. Le changement climatique influe déjà sur l’économie du pays. L’emballement démographique est pourtant bien au rendez-vous.
5. République démocratique du Congo
Le Congo est un pays aux ressources incroyables. Mais comme toujours, c’est l’instabilité qui règne. Le président Kabila a laissé place à Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Soupçonnés de s’est entendus, les deux hommes ont provoqué indirectement une reprise des conflits armés. Si bien que 18.000 Casques bleus sont encore sur place pour intervenir.
La baisse des prix du cuivre et d’autres minerais a aussi contribué à plomber l’économie du pays. La monnaie a perdu beaucoup de sa valeur par rapport au dollar, provoquant une inflation forte. Plus de 60% d’une population de 92 millions d’habitants vit dans une extrême pauvreté. Aussi, 40% du budget de la RDC est destiné aux institutions et à ses dirigeants, la corruption est monnaie courante. Quand éclate une manifestation, c’est souvent la faim et l’insécurité alimentaire qui ramènent le calme.
4. République centrafricaine
Pour la première fois depuis l’indépendance (1960), la République centrafricaine a un président démocratiquement élu: l’ancien professeur de mathématiques et premier ministre Faustin Archange Touadéra. Il a joué les pacificateur entre la minorité musulmane et la majorité chrétienne, et a été reconduit en décembre dernier.
Le pays s’est quelque peu redressé, surtout grâce au retour de l’exportation de diamants, sa principale ressource. L’industrie du bois et le secteur agricole ont également repris leur marche en avant.
60 % de la population vit dans une extrême pauvreté selon la Banque mondiale. Des efforts ont récemment été consentis pour calmer les conflits internes qui perdurent depuis des dizaines d’années. Un programme de 250 millions de dollars a été déployé par la Banque mondiale pour reconstruire le pays. Mais les effets ne sont pas encore perceptibles.
3. Somalie
Après trois décennies de violence, de sècheresses, d’inondations, de manque de sécurité alimentaire, de propagation de maladies et de chômage massif, les Somaliens ne voient pas le bout du tunnel.
Ce pays de 16 millions de personnes a vu sa croissance se heurter à la pandémie. Sans compter une infestation de criquets sans précédent dans tout l’Est de l’Afrique.
En avril dernier, le président Mohamed Abdullahi a tenté de se reconduire pour deux ans, déclenchant une nouvelle crise politique. Depuis lors, c’est l’instabilité qui règne.
2. Soudan du Sud
Indépendant du Soudan en 2011 à la suite d’un référendum d’autodétermination, le plus compliqué reste à venir pour le Soudan du Sud. Mettre définitivement fin à la guerre civile et parvenir à nourrir sa population: plus de 7 millions de personnes souffrent de mal nutrition, soit près de 60% de la population, selon les estimations de l’ONU.
Le distinguo entre religion et Etat n’est pas toujours évident, même si une récente décision donne aux citoyens le droit à la liberté de religion et de conviction.
1. Burundi
Beaucoup connaissent le génocide qui a vu 800.000 personnes, principalement d’origine tutsie, perdre la vie au Rwanda en l’espace de 3 mois. Mais peu savent que son voisin, le Burundi, a connu une guerre civile du même ordre une année plus tôt. Des accords de paix et la fin des violences organisées n’auront lieu qu’en 2005.
Mais 17 ans plus tard, le pays reste très instable. Le président Pierre Nkurunziza, un ancien rebelle hutu, est décédé en 2020 d’une crise cardiaque. Son élection, en 2015, avait été vivement contestée si bien que l’Union européenne avait décidé de couper les vivres. Depuis, Évariste Ndayishimiye lui a succédé. Et son action reste très mitigée, ayant minimisé comme beaucoup d’autre la crise sanitaire. De nombreux rapports sur des violations des droits humains continuent d’affluer du pays. Les Etats-Unis et l’Europe ont toutefois décidé de retirer leurs sanctions économiques.
Mais le pays a néanmoins glissé vers la récession et l’insécurité alimentaire. Le prix des produits tel que la pomme de terre a fortement augmenté. Même la production de café, principale denrée d’exportation, a reculé. 82% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. 90% dépend intégralement de l’agriculture. Changement de prix, restrictions étrangères, pénuries alimentaires: le Burundi se classe sur la 3e marche du podium.
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