Le fondateur historique de Microsoft s’est toujours décrit comme un grand optimiste. Mais l’année 2021 a véritablement été celle des désillusions, pour celui qui espérait voir la fin de la crise du coronavirus. Bill Gates s’inquiète surtout des conséquences de cette crise sur notre rapport à l’information et à la confiance en nos institutions.
Chaque fin d’année, le fondateur de Microsoft couche sur son blog ses principales réflexions ou préoccupations sur l’an écoulé comme sur celui à venir. L’occasion pour lui de revenir sur une année fort particulière, la seconde consécutive que nous vivons au rythme du coronavirus: « 2020 a connu une brève période de relative normalité avant que le COVID-19 ne vienne tout bouleverser. En 2021, la pandémie a dominé nos vies depuis le premier jour. Nous avons tous dû nous adapter à une » nouvelle normalité « , même si celle-ci est différente pour chaque personne. Pour moi, le résultat a été une année passée principalement en ligne. J’ai eu des périodes sans aucune interaction sociale en face à face. Si j’avais une pause entre deux réunions, je me promenais dans mon jardin, juste pour voir quelque chose de différent. Après le travail, je jouais au bridge avec des amis en ligne ou je passais du temps avec eux par chat vidéo. Une fois que j’ai été vacciné, j’ai commencé à organiser quelques réunions en petit comité, mais ma vie sociale est encore beaucoup plus numérique qu’auparavant. C’est une expérience étrange et perturbante. Mon univers personnel ne s’est jamais senti aussi petit qu’au cours des douze derniers mois. »
Plus inquiet que jamais
Pourtant, malgré cette année difficile, Bill Gates veut rester optimiste. Il continue d’espérer que 2022 marquera la fin de cette crise mondiale, même s’il reconnait qu’il avait entretenu les mêmes espoirs, rapidement déçus, pour l’année écoulée. Mais pour apercevoir la fin de cette épreuve collective, le milliardaire estime que les populations vont devoir réapprendre à faire confiance à leurs institutions, tout en admettant que celles-ci ne l’aient pas toujours mérité.
« Cette époque nous a montré comment le déclin de la confiance dans les institutions publiques crée des problèmes concrets et complique nos efforts pour relever les défis », écrit le milliardaire. « D’après ce que j’ai vu au cours des deux dernières années, je suis plus inquiet que jamais quant à la capacité des gouvernements à accomplir de grandes choses. Nous avons besoin que les gouvernements agissent si nous voulons progresser dans des domaines tels que l’évitement d’une catastrophe climatique ou la prévention de la prochaine pandémie. Mais le déclin de la confiance ne leur permet pas d’être efficaces. Si votre personnel ne vous fait pas confiance, il ne soutiendra pas les nouvelles initiatives majeures. Et lorsqu’une crise majeure survient, ils sont moins susceptibles de suivre les conseils nécessaires pour surmonter la tempête. Ce déclin de la confiance se produit partout dans le monde. […] C’est en partie compréhensible : En cas de crise majeure, comme une pandémie, les gens cherchent un coupable. Les gouvernements sont une cible évidente. Mais cette tendance à la baisse de la confiance dans les gouvernements n’a pas commencé en 2020. La pandémie n’a fait que rendre plus clair ce qui se passait déjà. »
La faute aux réseaux
Pour Bill Gates, la cause principale de cette défiance accrue est claire : ce sont les réseaux sociaux qui influencent la manière de penser des citoyens, et c’est une raison suffisante pour que les États puissent mieux les réguler. Il s’inquiète d’ailleurs que, sans une intervention rapide, les Américains pourraient être de plus en plus enclins à élire des politiciens qui expriment et encouragent publiquement la méfiance envers les institutions via les réseaux sociaux, mais aussi les chaines d’infos en continu. L’effet boule de neige pourrait alors faire en sorte que le public soit « encore plus désabusé ».
« C’est habituellement là que j’exposerais mes idées pour résoudre le problème. La vérité est que je n’ai pas les réponses », continue Gates. « J’ai l’intention de continuer à chercher et à lire les idées des autres, en particulier celles des jeunes. J’ai bon espoir que les générations qui ont grandi en ligne auront des idées nouvelles sur la façon de s’attaquer à un problème qui est si profondément ancré dans l’internet. »