Le plus grand échec de Poutine n’est ni militaire, ni économique, ni intérieur : il s’agit de l’opinion de ses voisins les plus proches, c’est-à-dire nous. Les Européens sont deux fois plus nombreux à considérer la Russie comme un adversaire, par rapport à l’avant-invasion.

Dans l’actu : une enquête menée par le Conseil européen des relations étrangères (ECFR).

• Près de deux tiers des personnes interrogées considèrent la Russie comme un rival ou un adversaire, c’est deux fois plus qu’en 2021.
• Par ailleurs, 33% des Européens pensent que l’Ukraine va gagner la guerre. 22% sont indécis et 45% pensent que ce ne sera probablement ou très probablement pas le cas.
• Près des trois quarts (74 %) des personnes interrogées ont déclaré que l’Union européenne devrait prendre des mesures pour garantir sa propre stratégie de défense.
• Seulement 8 % des personnes interrogées ont déclaré que cela n’était pas nécessaire, car les États-Unis seraient toujours là pour protéger l’Europe.

C’est là l’essentiel des conclusions des auteurs, qui ont mené l’enquête dans 11 pays européens : l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, le Danemark, l’Espagne, la France, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne et la Suède. « Les Européens souhaitent que l’UE devienne plus autonome en matière de politique étrangère et qu’elle renforce ses propres capacités défensives », a déclaré Jana Puglierin, co-auteur du rapport et membre du Conseil européen des relations extérieures.

Poutine voulait diviser les Européens

• Les Européens n’abandonnent pas leur allié américain pour autant. Comme le montre le rapport, intitulé « Keeping America close, Russia down, and China far away : Comment les Européens naviguent dans un monde compétitif. L’Europe et les États-Unis ont resserré leurs liens par rapport à 2021. La grande différence ? Donald Trump n’est plus là.

• Mais la moitié des Européens voient aussi la Chine comme un partenaire nécessaire. La plupart des Européens veulent d’ailleurs rester à l’écart d’un conflit entre la Chine et Taïwan. Toutefois, si la Chine venait à fournir des armes à la Russie, cela constituerait pour les Européens une ligne rouge.

En résumé : Poutine voulait diviser les Européens. Il les a globalement unis contre lui. Poutine voulait affaiblir l’OTAN. Il l’a renforcée, avec l’arrivée de la Finlande et sans doute bientôt de la Suède. En outre, tous les pays de l’OTAN ont ou vont renforcer leurs dépenses militaires. Il reste très difficile de disserter sur les éventuelles débâcles de la Russie au niveau militaire ou économique, car des rapports souvent contradictoires affluent. Par contre, il devient indéniable que Poutine a perdu la bataille de l’opinion publique de ses voisins les plus proches. Sa plus grande défaite à ce jour.