Savez-vous ce qu’est un paywizard ? Probablement pas, car ces experts de la paie sont des profils, hélas, encore assez rares. Un paywizard calcule les salaires à l’aide d’un moteur salarial intelligent. À la clé ? Un travail à la fois efficace et précis. Tout le contraire d’un « paybrainer », qui dépend toujours d’une technologie dépassée et doit souvent se creuser les méninges pour respecter les plus récentes évolutions de la législation sociale et survivre à la redoutable « Payroll Madness ».
À l’ère de l’intelligence artificielle (IA), il paraît aberrant que les « paybrainers » restent la règle plutôt que l’exception. Dans tous les secteurs, les collaborateurs ont, en effet, découvert l’IA et la GenIA (telle que ChatGPT) et mettent désormais la technologie à leur service pour rendre leur travail nettement plus efficace et précis. Les secrétariats sociaux manquent toutefois à l’appel en s’entêtant à utiliser des solutions dignes de la préhistoire.
Saviez-vous que les systèmes classiques de calcul salarial remontent aux années ’80 et ‘90 ? Une époque où nous stockions nos données sur des disquettes et où nous écoutions de la musique sur des cassettes audio… Depuis, des alternatives numériques telles que Spotify ou Apple Music ont remplacé nos bons vieux baladeurs. Et les jeunes générations ne voient en la disquette que la petite icône que de nombreux logiciels utilisent encore pour symboliser l’enregistrement des données. En bref ? Des reliques des premières années de la révolution numérique, mais qui constituent toujours les rouages sur lesquels tournent de nombreux secrétariats sociaux.
Paybrainer vs paywizard
Les “paybrainers” ne seraient que trop heureux de se muer en “paywizards”. Logique : les paywizards gagnent un temps précieux qui leur permet de mieux accompagner leurs clients par des conseils salariaux à haute valeur ajoutée. Ils utilisent la technologie pour calculer les salaires en temps réel, ce qui permet non seulement d’estimer exactement combien un travailleur va gagner, mais aussi d’optimiser son salaire. De plus en plus de personnes exercent, en effet, plusieurs emplois, les flexi-jobs ayant largement popularisé cette tendance. Les paywizards préviennent ainsi la déception salariale, un phénomène qui survient lorsque le salaire brut d’un travailleur passe, pour une grande partie, aux mains de l’État à la fin du mois.
Les moteurs salariaux intelligents maîtrisent la législation sociojuridique complexe et appliquent les changements automatiquement. Ce dernier aspect est une source majeure de stress pour les “paybrainers”. Ils sont, en effet, souvent confrontés à des cas complexes et à des situations où ils ne connaissent plus la législation exacte et ne peuvent donc fournir un conseil adéquat. En d’autres termes, ils doivent constamment se recycler, mais n’ont que peu de temps pour le faire, a fortiori lorsque le pic salarial redouté pointe en fin de mois…
Payroll Madness
Les moteurs salariaux classiques sont incapables d’établir les fiches de paie en temps réel. Il faut souvent une nuit entière à un système archaïque pour effectuer les calculs salariaux. Pire encore, rien ne dit que ces calculs soient corrects. Les “paybrainers” doivent donc faire face à une charge de travail considérable à intervalles réguliers. Ils doivent contrôler les fiches de paie générées et les rectifier le plus vite possible afin d’éviter qu’un travailleur ne reçoive pas son salaire ou qu’il perçoive un salaire erroné en raison d’une erreur. Ils donnent ainsi l’impression d’opérer continuellement dans une “usine du payroll”, où les corrections de la période précédente sont la règle.
Les “paywizards” n’éprouvent, quant à eux, aucune gêne du pic salarial mensuel ou de la “Payroll Madness”. Ils savent que leur moteur salarial est beaucoup moins susceptible de se tromper et qu’il peut interpréter sans peine les règles les plus complexes. Le temps et le stress qu’ils s’épargnent les aident à revenir à la dimension humaine de leur travail. Pour ne rien gâcher, ils sont prêts à franchir l’étape suivante de la révolution numérique et à permettre une rémunération en temps réel. Les travailleurs pourraient ainsi être rémunérés pour leur prestation dès la fin d’un shift et les corrections seraient nettement moins fréquentes. Résultat ? Moins de stress, moins de coûts et moins de pics de travail.
Espèce en voie de disparition
Tout cela suffirait à décourager n’importe quel “paybrainer”. Pourtant, de nombreux secrétariats sociaux ont encore du mal à abandonner leur technologie obsolète. Ils craignent la complexité et l’administration qui accompagnent la transition vers un nouveau système. C’est ce que nous appelons la “fantômistration”. Dommage… D’autant plus que la technologie existe depuis des années et a largement démontré qu’un moteur salarial intelligent met un terme à la “Payroll Madness”.
Quoi qu’il en soit, le marché ne tardera pas à s’ouvrir et il vaudra mieux que vous ayez pris le train en marche. Comparez cette évolution à une banque qui n’offrirait pas la banque en ligne. Même les plus grands acteurs ne pourraient pas survivre en 2024. Les secrétariats sociaux sont confrontés à une évolution similaire et devront utiliser les technologies modernes pour élargir leurs services. Quand les “paywizards” prendront le dessus, les “paybrainers” ne seront, en effet, plus qu’une espèce en voie de disparition. Un état de fait dont nous ne pouvons que nous réjouir, non ?
L’auteur Joris Peumans est CEO de Conseil RH Prato