30 modérateurs venus d’Irlande, d’Allemagne et d’Espagne portent plainte contre Facebook après avoir subi de graves problèmes psychologiques. Tous ont été exposés à des images d’une rare violence, sans avoir reçu la formation nécessaire pour y faire face, disent-ils. Certains sont aussi gravement atteints que des soldats revenus de guerre.
C’est la plus grande affaire en justice civile contre Facebook en Europe. 30 modérateurs demandent des dommages et intérêts pour les troubles psychologiques provoqués par la modération de contenu sur cette plateforme. Ils affirment qu’ils n’ont reçu aucune formation pour apprendre à réagir face à cette violence sur les réseaux sociaux. Selon ces travailleurs, ils n’avaient pas non plus accès à une aide médicale psychologique.
Les troubles évoqués sont assez graves. Certains souffrent de dépression sévère, d’autres ont des problèmes de gestion de la colère. Pire: plusieurs d’entre eux ont été diagnostiqués comme souffrant d’un trouble de stress post-traumatique (PTST). Ce trouble est surtout reconnu chez les soldats revenant de la guerre ou les membres des forces de l’ordre confrontés à des scènes particulièrement violentes. Ces personnes souffrent alors d’anxiété, de dépression, de cauchemars et de flashback des scènes d’horreur auxquelles ils ont été exposés. Certains ont affirmé avoir tenté de se suicider, explique le Daily Mail.
Le dossier a été déposé devant la Haute Cour de Dublin, le siège social européen de Facebook se trouvant en Irlande. Parmi les plaignants, on retrouve aussi bien d’anciens membres du personnel, que des travailleurs toujours actifs dans l’entreprise.
Facebook nie
Sans surprise, Facebook ne semble pas d’accord avec la plainte déposée. Si l’entreprise confirme que la modération de certains contenus peut être difficile, la firme nie totalement l’absence de soutien. Selon un porte-parole, les modérateurs ‘suivent un programme de formation approfondi de plusieurs semaines […] et ont accès à un soutien psychologique complet pour assurer leur bien-être’. Cette aide se compose d’une ‘assistance sur site 24h / 24 et 7j / 7 avec des praticiens qualifiés’, d’un ‘service de garde’ et d’un ‘un accès aux soins de santé privés dès le premier jour d’emploi’.
Il faut dire que cette affaire risque de coûter cher à Facebook en cas de victoire des modérateurs. En 2020, l’entreprise avait dû payer près de 43 millions d’euros à d’anciens travailleurs américains dans une affaire similaire en Californie.